Les partisans du statu quo ont la peau dure. Attendue comme un événement historique qui sortira avec une position définitive du mouvement citoyen par rapport à l'offre du Chef du gouvernement, la célébration du 2e anniversaire de la plate-forme d'El-Kseur a sombré dans le folklore à l'image de cette déclaration rédigée pour la circonstance et qui reste loin des réponses que l'opinion attendait. Le conclave de l'interwilayas, qui devait s'y tenir, s'est vu reporter, une nouvelle fois, aux 26 et 27 juin, à Amizour, sur fond de suspicion. Les activités, qui ont caractérisé ce 2e anniversaire, ont confirmé la montée en puissance des tenants du statu quo et du pourrissement. Aux gestes du pouvoir, pourtant fortement salués, on a opposé une véritable surenchère qui en a surpris plus d'un, à commencer par le CSC d'El-Kseur qui a, pourtant, mis les bouchées doubles pour la réussite politique de l'événement. Il n'en fut, en fin de compte, rien devant l'intransigeance d'une Cadc de Tizi Ouzou qui s'est montrée particulièrement radicale. Les signes avant-coureurs de cet état de fait étaient déjà perceptibles dans les coulisses. Des tractations menées autour de la tenue ou non du conclave se dégageait une méfiance entre les délégations jamais constatée dans l'histoire du mouvement citoyen. Du coup, on a assisté à une véritable surenchère qui ne tardera pas à se confirmer lors de la prise de parole des animateurs au meeting populaire. Usant d'un langage des plus virulents, Belaïd Abrika et ses camarades se sont montrés particulièrement intransigeants sur les garanties que doit donner le pouvoir en n'épargnant personne au passage. En effet, les préalables qu'on croyait à jamais révolus du vocabulaire des animateurs, refont surface aux côtés de nouveaux. «De la déclaration officielle du premier magistrat du pays» jusqu'à «la dissolution des assemblées élues» en passant par «la demande de pardon à la Kabylie et le caractère scellé et non négociable de la plate-forme», rien n'est laissé au hasard. Ce sont autant d'éléments qui dénotent, si besoin est, la volonté de certains délégués de faire monter les enchères au moment même où, de l'avis général, il est attendu d'eux plus de sagesse et de mesure. Depuis que les détenus ont quitté les prisons, le message du Chef du gouvernement «n'est accepté que dans sa forme» allant jusqu'à lui attribuer le qualificatif de «recul dans son fond». Les interventions des animateurs au cours du meeting n'ont de mérite que de mettre à nu cette tendance vers la radicalisation des positions. Les animateurs de la Cadc auront excellé dans ce domaine. Derrière ce «revirement» se cachent mal les pressions des appareils politiques et ce n'est pas par hasard que c'est la Cadc qui en est à l'avant-garde, soutenue, pour la circonstance, par quelques coordinations de Béjaïa, pourtant, elles ont, il y a à peine une semaine, fait preuve de responsabilité et de pragmatisme. Des discours diamétralement opposés des délégués lors du meeting ne ressortait aucune évolution, si ce ne sont encore des divergences de vue à aplanir. Les animateurs de Tizi Ouzou semblent avoir déjà tranché alors qu'ils sont censés se concerter, avant toute prise de position, avec leur base. La colère de certains délégués de la Cicb ne tarda pas à éclater. Comme ce fut le cas lorsque le délégué d'El-Kseur, Mourad Rebouhi monte à la tribune pour clamer haut et fort: «Si notre base nous demande d'aller au dialogue, nous irons et personne ne nous en empêchera». Une mise au point fortement applaudie par une assistance compacte.