cette information ne serait qu'un ballon-sonde. L'information colportée ces derniers jours faisant état d'un éventuel déplacement du chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, à Ifri-Ouzellaguen, dans la wilaya de Béjaïa, le 20 août prochain à l'occasion de la célébration du 47e anniversaire du Congrès de la Soummam du 20 août 1956, ne serait, en fait, qu'un ballon-sonde de ceux qui s'activent à faire réélire Bouteflika, a-t-on appris, hier, de source bien informée. Pour rappel, le Président Bouteflika n'a plus foulé la terre de Kabylie depuis août 1999, lors de la campagne électorale pour le référendum sur la concorde civile. La population kabyle garde en mémoire la tristement célèbre phrase du Président prononcée à Tizi Ouzou disant que «tamazight ne sera jamais langue nationale!». Cette campagne médiatique intervient à la veille de l'amorce du dialogue entre le pouvoir et les ârchs pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Le Président Bouteflika, a invité le 20 juillet dernier le mouvement des ârchs à engager le dialogue avec le Chef du gouvernement en vue de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Dans son invite, le chef de l'Etat a pris le soin de souligner que ce dialogue s'articulera autour de «tout ce qui ne porte pas atteinte à l'unité du peuple algérien et à l'intégrité de l'Algérie éternelle». Cette précision, qualifiée par les délégués du mouvement de «bémol», est vue par la population de la Kabylie comme une «offense» à l'égard des sacrifices en vies humaines consentis par la Kabylie depuis la Guerre de libération nationale jusqu'aux événements du printemps noir. Les observateurs avertis estiment qu'à travers ce déplacement, se profile une manoeuvre destinée à prendre la température à la veille d'une échéance tout aussi redoutable et cruciale pour le chef de l'Etat : l'élection présidentielle de 2004. La technique ainsi utilisée donnerait au Président Bouteflika la possibilité de rectifier le tir, après le retour d'écoute franchement favorable à l'appel d'Ouyahia qu'à celui du Président au sein de la population kabyle. Dans son message de Sétif, le Président de la République avait rappelé avoir chargé, «voilà près de deux mois, le Chef du gouvernement de lancer un appel au mouvement des ârchs pour un dialogue destiné à dénouer cette situation...». Autrement dit, le chef de l'Etat renvoie la balle à son Chef du gouvernement sur ce dossier. Concernant la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, le conclave extraordinaire du mouvement citoyen des ârchs prévu ce week-end à M'chedallah, dans la wilaya de Bouira, devrait trancher définitivement l'offre de Bouteflika. L'enjeu primordial durant cette rencontre serait de faire taire les voix discordantes, animées par certains cercles politiques et d'affaires. Tous ces cafouillages profitent à ceux qui marchandent le règlement de la crie en Kabylie en fonction du calendrier électoral. Dans le cas où les partisans du dialogue triompheraient sur ceux du statu quo, la rencontre entre le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, et les représentants dûment désignés des ârchs devrait intervenir le 10 ou le 15 août. A ce moment-là, le Président Bouteflika pourrait se rendre en Kabylie sans qu'il soit inquiété, estiment les observateurs de la scène politique nationale.