A quelques semaines de la libération annoncée pour le 2 juillet prochain, Abassi Madani vient de faire une sortie médiatique sur le site «officiel» de l'ex-FIS contrôlé par Mourad Dhina. Le leader de l'ex-FIS, contraint à respecter l'obligation de réserve, principale condition de sa sortie de prison, s'est longuement étalé sur les questions politiques sous le règne de Zeroual et de Bouteflika ainsi que les conditions de sa détention. Le site de l'ex-FIS chapeauté par Dhina, a, en fait, accompagné l'entretien de Abassi Madani, par la publication d'un livre sur les circonstances de détention, mais aussi des PV d'interrogatoire des juges d'instruction et les plaidoiries des avocats. Une offensive impressionnante qui annonce une rude bataille pour le retour sur la scène politique du FIS dissous. En effet, l'intention de faire pression sur les pouvoirs publics, afin qu'ils lâchent du lest aux deux chefs du parti, une fois libérés, est d'autant plus apparente, par le fait que tous les documents mis sur le site convergent vers une seule conclusion: «L'illégalité des procédures adoptées par les pouvoirs publics.» Quant au redoutable polémiste Abassi Madani, dont l'entretien a été réalisé selon les concepteurs du site au cours du mois de mai dernier, les douze années de détention n'ont pas eu à changer grand-chose au discours du timonier de l'ex-FIS. En effet, Abassi Madani, sans révéler sa stratégie de redéploiement sur le terrain politique, déjà miné par la précampagne de la présidentielle de 2004, continue d'accuser le «pouvoir de tout faire pour empêcher le peuple d'exercer son droit à l'expression et aux choix de ses représentants». Sur les conditions de détention, le chef de file de FIS dissous, a indiqué que Benhadj et lui-même «n'ont pas été traités comme tels, notamment après leur jugement». A en croire les déclarations parues sur le site, le cheikh a indiqué qu'«on les forçait à porter une tenue de bagnard et qu'on les a contraints à se raser la barbe». La venue de Zeroual à la tête de l'Etat a été une période moins dure, dans la prison, a-t-il affirmé en ajoutant que le «véritable dialogue avec le pouvoir a été instauré à l'ère de Zeroual». Toutefois, explique-t-il: «Il est clair que le général Zeroual ne tenait pas les rênes du pouvoir (...) les vrais décideurs n'avaient pas le désir de trouver une solution à la crise». Avec des termes comparatifs, Abassi Madani enchaîne sur la période Bouteflika «et sa promesse de solution politique». «C'est un engagement sur la base duquel nous l'avions soutenu (...) mais une fois la démarche légitimée par le referendum, la démarche politique s'est transformée en une solution sécuritaire». Les détenus des ârchs sortent de prison, les leaders de l'ex-FIS sortent de leurs réserves, Hadjar sort de la ligne, l'été promet d'être plus chaud que prévu. Les cartes les plus brûlantes sont actuellement abattues que reste-t-il à faire avant que n'arrive la présidentielle?