mourad dhina, responsable du bureau exécutif, confirme que les deux «chouyoukh» seront libérés le 2 juillet prochain. Le responsable du bureau exécutif de l'ex-FIS, arrivé à la tête de cette institution à la suite d'un congrès tenu secrètement quelque part en Suisse, a réagi hier à la sortie médiatique du chef d'état-major, Mohamed Lamari, dans les colonnes du journal Al-Ahram. Ainsi, la sortie de Lamari relative à Djaballah, plus précisément à quelque éventuel président islamiste, ne semble pas être au goût de l'auteur de ce long communiqué, même si Benhadj, lui, a semblé l'apprécier en envoyant sa famille et des membres de la direction du FIS rendre une visite de courtoisie et d'amitié au président du mouvement Islah. «M.Lamari a aussi déclaré, pour la seconde fois en quelques mois, qu'il accepterait un président islamiste.» La déclaration en soi a unanimement été jugée positive par toute la classe politique et les observateurs. Pas Dhina : «Mais quelle loi ou Constitution lui permet donc à lui d'accepter ou de refuser un président élu par le peuple?» Dans sa lettre, curieusement, Mourad Dhina, souffle le chaud et le froid, s'en prenant tantôt aux dirigeants de l'institution militaire et aux éradicateurs, et louant tantôt cette dernière sortie avec tout ce qu'elle comporte comme aspects positifs pour l'avenir. Mourad Dhina, qui donne l'air d'être sur la défensive, à moins qu'il ne prépare le retour politique des deux leaders de l'ex-FIS, oeuvre systématiquement à les défendre des attaques et accusations de Mohamed Lamari. «Je n'ai nullement été surpris de constater le vide total sur lequel Lamari base ses arguments.» Suivent alors de très longs paragraphes tendant à démontrer que le FIS, dans aucune de ses sorties officielles ou textes du même nom, ne s'est montré «antidémocratique», expliquant au passage certaines anecdotes demeurées dans l'Histoire et régulièrement utilisées par les adversaires de ce courant pour justifier l'interruption du processus électoral de janvier 92. Il apparaît même que «Benhadj et Abassi» sont des démocrates et qu'ils n'ont «même pas projeté la dissolution d'une quelconque formation politique». Explication: «Il y a sur ce plan (tolérance et démocratie, Ndlr) une différence énorme entre cheikh Abassi et un Hachemi Chérif, dont la seule revendication politique pourrait se résumer en l'interdiction du FIS bien que le nombre total des sympathisants de M.Chérif dans toute l'Algérie ne constitue même pas l'équivalent du nombre de militants du FIS dans un pâté d'immeubles.» Cette phrase, il faut le dire, sous-entend le retour en force des militants et sympathisants de ce parti à la faveur de la prochaine libération de ses deux leaders, mais aussi des catastrophes naturelles à répétition que vit l'Algérie et qui constituent un terreau idéal aux discours des intégristes islamistes. Dhina, qui prend quand même la peine de ne pas assimiler Benhadj à un parfait démocrate, avec le risque de le faire rejeter par ses anciens disciples, prend le soin de mettre en exergue le caractère trublion de cet homme, non sans souligner en filigrane que ses positions, le plus souvent verbales, n'engagent que sa modeste personne. «Ne pratiquant pas la langue de bois, je dirais qu'effectivement cheikh Benhadj s'était attaqué à certains aspects de la démocratie, sur un plan idéologique et philosophique. Il est loin d'être le seul, de nombreux éminents penseurs occidentaux l'ont fait et parfois d'une façon plus virulente que lui.» Dhina poursuit, en revanche, que «Benhadj s'est très clairement exprimé, dans des dizaines d'écrits, sur les vertus de la pratique démocratique qui consiste à donner au peuple le droit d'élire ses gouvernants, qui reconnaît le multipartisme ainsi que l'alternance au pouvoir.» Quant aux autres questions, relatives notamment à l'interruption du processus électoral, l'emprisonnement des anciens militants de ce parti dans les camps du Sud...Mourad Dhina continue de se montrer intraitable et d'une «dureté» politique sans faille.