Le MAK, qui a beaucoup tablé sur le prolongement du statu quo en Kabylie pour asseoir son projet d'autonomie, semble être pris de vitesse par le soudain dégel des contacts entre le pouvoir et les ârchs. En effet, le mouvement de Ferhat Mehenni proclamé dans le feu de la révolte populaire en Kabylie, en juin 2001, s'était assigné comme stratégie de canaliser puis de récupérer à son compte la colère et le chaos qui prévalaient à l'époque. A ce titre, l'ancien camarade de Sadi, considérait la région autonome de fait eu égard à l'absence quasi totale de l'autorité de l'Etat et la rupture consommée entre la région et les autorités nationales. Dès lors, Ferhat Mehenni avait pris son bâton de pèlerin et multiplié les sorties publiques pour crier sur tous les toits que l'autonomie était la solution idoine pour mettre fin au martyre de la région et lui permettre de se prendre en charge elle-même. Dans la foulée, des éléments du MAK avaient infiltré les ârchs et faisaient le forcing pour l'entérinement des actions allant dans le sens de son projet. A cet effet, le boycott des officiels, l'empêchement des élections ainsi que le harcèlement continuel des élus locaux semblent toutes porter la griffe «makiste». L'ambition de Ferhat Mehenni ne s'est pas arrêtée là, puisqu'en date du 16 avril, il avait rendu public le Projet d'autonomie de la Kabylie (PAK) qui constitue, en quelque sorte, la charte de son mouvement. Dans ce document, le maquisard de la chanson revendique solennellement des autorités l'organisation d'un référendum pour «l'autodé-termination». Les ârchs ainsi que les animateurs classiques de la scène politique locale, qui n'ont pas prêté beaucoup d'attention à ce mouvement, se sont aperçus, avec le temps, que le discours extrémiste prôné par Ferhat Mehenni devenait de plus en plus menaçant même si le MAK n'avait pas encore d'existence légale. De ce fait, les ârchs, lors des débats entamés l'hiver dernier autour des perspectives politiques du mouvement, avaient clairement affiché leur opposition et leur rejet de tout projet mettant en péril l'intégrité territoriale du pays. Pour cela, les ârchs avaient rappelé le caractère national de la plate-forme d'El-Kseur. Cette réponse des ârchs a eu pour effet de refroidir les ardeurs du MAK. Quelques semaines plus tard, ce mouvement recevra un véritable coup de massue avec l'acceptation, certes con-ditionnée, de la Cadc et de la Cicb de l'offre de dialogue d'Ouyahia. Désarçonné par cette nouvelle donne, Ferhat Mehenni, dans une déclaration datée du 6 juin dernier, avait interprété cette offre «comme un nouveau simulacre de dialogue en perspective de la présidentielle de 2004». Ainsi, l'aboutissement des contacts entre le pouvoir et les ârchs à un règlement définitif de la crise de Kabylie, constituera-t-il le chant du cygne pour le MAK? L'avenir nous le dira.