Pour les proches des cinq inculpés de corruption et d´abus de pouvoir, il faudra chercher la justice ailleurs que dans les salles d´audience... Sur les 12 heures de débats, le tiers a été consacré aux questions préjudicielles introduites par les avocats, surtout de Abderrahmane Riad Achour, le commerçant né en 1966 à Alger-Centre, comme il a tenu à le préciser, Achour, poursuivi pour corruption, en ayant accordé des cadeaux à deux commissaires de police qui ont nié avec force les faits, s´appuyant sur des complots ourdis dans l´ombre, surtout pour ce qui est des commerçants qui percent, réussissent et se font donc des envieux prêts à tout. Et pour ce dossier, tout a commencé à partir d´une lettre anonyme! D´ailleurs, Maître F.K.Ksentini, qui retrouve une seconde jeunesse et une énergique prise en main de ses dossiers, avait eu l´occasion de raconter au jeune juge du siège de Azazga (cour de Tizi Ouzou) l´anecdote qui avait vu le défunt colonel Ali Tounsi, alors Dgsn, brûler symboliquement un tas de lettres anonymes. Maître Ouali Laceb, un des avocats de Achour avait laissé éclater sa colère contre ceux qui, au nom de la justice, ont ridiculisé notre pays en ne respectant pas la convention algéro-marocaine, qui dispose qu´un extradé ne peut être poursuivi pour un délit ou un crime pour lequel il avait été extradé. «Hélas! Achour était recherché pour une petite infraction. Le voilà, malmené d´une prison à une autre, d´un parquet à un autre, d´un couloir d´instruction à un autre», avait articulé l´avocat de Koléa, qui avait entamé la deuxième question préjudicielle: la prescription, car les faits remontent à 2001. «Nous sommes en 2011. Que fait ici Achour? Il est tout au plus, témoin», s´est égosillé le défenseur qui a repris son pointage de l´index envers le ministère public: «Ici encore, le parquet a commis une bévue. Il n´y a pas de réquisitoire supplétif! Et les poursuites sont nulles et non avenues, avait crié le conseil qui terminera sur la troisième question préjudicielle. Les anachronismes du dysfonctionnement de l´appareil judiciaire ont poussé le ridicule et l´humiliation jusqu´à arriver à convoquer Achour au tribunal, le jour même de l´assassinat de feu Ali Tounsi! Un scandale. On aura attendu la disparition du Dgsn, pour chercher la tête de...Zayane et Achour vous le dira tout à l´heure: il ne sera jamais celui par qui le scandale de la condamnation de Zayane arrive: «En 2010, le président de la République a signé 47 conventions internationales pour la présentation des droits de l´homme et du citoyen», avait annoncé Maître Laceb, suivi de sept de ses confrères qui avaient, eux aussi, introduit des questions préjudicielles. Le jeune juge qui était dominé «mentalement» par un Benmadani qui avait, à première vue, bien étudié son dossier, a tenté et réussi à 85% à avoir le dessus. Avoir un Sayah, un Ksentini (en superforme), un Hamdani, un Guettaf ou encore un Laceb, un Abtout et un Moudjhari, était en soi une prouesse. Il faut dire qu´aussi bien Zayane, Oussaâdit et Achour ont soulevé des montagnes juste pour expliquer au juge le complot qui les a mis à genoux. «C´est un dossier vide», a dit Maître Ksentini qui s´est appuyé sur les quatre témoignages de Nadjib Ababsa, Djamel Gasmi, ce joyeux émigré, Djamel Rabia, le mec des investigations, et Maghraoui, ce commerçant qui connaît très bien Zayane qu´il a présenté comme un fils de famille incomparable. Une à une, les inculpations étaient abordées, une masse en main, juste de quoi les démonter. Même le jeune avocat, Maître Djamel Benlarbi, l´avocat de la Dgsn, partie civile, a été rapidement «bâillonné» et il n´a eu le temps que de déplorer cette corruption qui a éclaboussé la Dgsn et de demander un million de dinars pour chacun des inculpés. Maître Benlarbi, qui était venu se constituer à la barre, a subi une farouche résistance de la part du collectif d´avocats qui ont considéré que d´une part, la Dgsn n´a eu aucun préjudice et d´autre part, les délits n´existent nullement, mais le juge qui a suivi la réplique de Benmadi, a accepté la demande. Et lorsqu´ à l´issue du renvoi du verdict attendu en fin d´audience, sous quinzaine, certains proches ont espéré que Zayane allait encore passer quatorze nuits à Tizi Ouzou ainsi que Oussaâdit dont les enfants étaient effondrés, n´ayant rien compris à ce qui arrivait à leur papa qu´ils considéraient comme un héros. A leur âge, ils ne comprendront jamais le dysfonctionnement de la justice. Tant mieux!