Le procès en appel de l´affaire Messaoud Zayane s´est tenu mardi à Tizi Ouzou. Les mêmes débats que ceux tenus à Azazga ont survolé la salle... Mardi 10 mai 2011. Cour de Tizi Ouzou. Une bâtisse située à trente pas de la gare routière qui se trouve dans un état affreux sur le plan de l´hygiène, du bruit, de jets de détritus. Dans la cour, c´est un autre monde. C´est presque parfait. C´est un vrai palais de justice. Il y a toutes les commodités pour travailler, récupérer un casier... Dans une des salles d´audiences, il y a aujourd´hui plus d´avocats que de...détenus. En effet, plus de 60 stagiaires ont pris place pour suivre les débats présidés par Abdelhamid Benzaoucha, le président de la chambre correctionnelle. Il y a outre le chevronné Noureddine Misraoui, Mostefa Benanane et les deux précieux conseillers. Et comme dans le rôle du jour, il y a l´affaire Zayane, ce commissaire de police judiciaire qui a interjeté appel après qu´à Azazga, il eut écopé d´une peine d´emprisonnement ferme de douze ans et d´une grosse amende, cela valait la peine de suivre ce procès qui tourne autour de la corruption (Messaoud Zayane et Yassine Oussaâdit) corruption active et offrande de cadeaux avec contrepartie (Abderrahmane Achour) complicité de corruption (Zemouri et Slimani). Tout comme Zayane, Oussaâdit avait été condamné à une peine de douze ans ferme. Abderrahamne Achour (sept ans ferme) qui a crié tout comme Maître Laceb son avocat, qu´il n´était pas ici à Tizi Ouzou pour l´affaire de la BNA et les trois mille milliards...qui l´a vu être condamné à 18 ans d´emprisonnement ferme. Benzaoucha, le juge, acquiesce et marmonne et laisse échapper: «Aujourd´hui, nous avons un dossier qui porte sur la corruption, la complicité de corruption et l´abus de pouvoir...» Le silence est de rigueur. De suite, Maître Laceb, de concert avec Maître Adli entre dans le royaume de trois questions préjudicielles qui vont prendre deux heures, entre l´intervention des trois avocats (Maître Sayeh, un des avocats de Zayane) de légers incidents opposant le procureur général Mouhouche qui s´était mis en selle comme pour signifier que le parquet a, lui aussi, interjeté appel et qu´il s´était armé, lui aussi, de documents et de dates de lois tranchante. Même si les prévenus seront jugés pour ce qu´ils ont fait, le trio de juges a préféré mettre le pied sur la pédale d´accélération du moteur «dossier» Achour! Il est poursuivi pour avoir offert des cadeaux. Le juge va avancer, point par point, vers le fait de confondre Abderrahmane-Riad qui est devenu, par la force des comparutions, un juriste complet, sachant manier le jargon judiciaire. -Achour, pour la énième fois, je vous demande de répondre seulement aux questions précises... «Je viens, je viens, M. le président... mais venez, venez, je vous attends. Faites court...», reprend le magistrat qui avait voulu signifier qu´il ne se laissera pas déborder par des dribbles. C´est ainsi que Achour répondait aux questions, mais en prenant la précaution de mettre le «bouclier» menaces, appels masqués, SMS glaçant le sang dans les veines et autres croche-pieds émanant du «monde des affaires, ses collègues et les affairistes de tous bords que j´ai toujours gênés avec mes 10.000 milliards dans la cagnotte». Et le trio passera le plus de temps avec lui qu´avec les autres. Messaoud Zayane plaidera non coupable et niera en bloc les deux inculpations. -«Pour la 406 j´avais vendu ma vieille auto et ajouté la différence. Mais le concessionnaire ne prend pas d´argent liquide. Il fallait un chèque. Je n´ai commis aucun abus de pouvoir. Au contraire, j´ai fait mon travail avec héroïsme», avait martelé Zayane, alors que Yassine Oussaâdit, le commissaire qui a exercé à ses côtés a expliqué avoir acquis l´appartement à Kouba auprès de Naïma Ababsa sur intervention de Achour, lequel avait affirmé avoir «loué» les services de Ababsa à plusieurs reprises en vue d´animer des soirées d´amis à qui je faisais des cadeaux de ce genre, à défaut de remettre du liquide: «Je vous le répète, avait balancé Achour, pour régler mes problèmes, je connaissais des personnalités plus influentes et plus promptes que Zayane et Oussaadit». Et c´est là où Benzaoucha déclara, sans sourire, les sourcils en accent circonflexe: «Vous êtes-vous rendu compte, prévenu que ces deux commissaires n´étaient pas ordinaires. Deux fonctionnaires de police à qui vous rendiez visite sur visite, un cadeau en main!» Et Achour de répliquer: «Cadeaux, cadeaux, parlons-en: des agendas! des bouteilles de champagne, des cartouches de cigarettes...» Benzaouche ne veut pas lâcher: «Un salon de coiffure pour madame Zayane, une 406 flamboyant neuf, un appartement...» «C´est vous qui le dites» ironise Achour «Non, ce sont les faits qui les soulignent et vous en tête». Pour les deux autres prévenus, Nadir Slimani et Djamel Zemmouri, ce sera plus aisé: le premier, un ami d´enfance n´apprendra pas grand-chose sauf que lui, l´ami de tous les instants était là pour aider Messaoud, un brave garçon. Le second, Djamel Zemmouri, était le chauffeur personnel de Zayane et aucun propos n´était venu «salir» le boss. Il était au volant toute la journée. Rien vu, rien entendu, rien à déclarer, donc. Les témoins, Nadjib Ababsa en tête, n´avaient eux aussi pas tellement pondu de quoi pendre Zayane. Mouhouche, le procureur général s´était franchement défoulé sur les cinq prévenus. Il a demandé l´aggravation de la peine. L´avocat de la Dgsn, avant lui, avait fait court et pas dit grand-chose, laissant les faits agir seuls. En professionnels avisés, Maître Marouane Medjouda, Maître Mohamed Guettaf, Maître Sayeh, Maître Ksentini, Maître Aït Larbi, Maître Hamdani, Maître Moudhari et Maître Ouali Laceb, avaient tout entrepris pour sauver les meubles du feu du réquisitoire, le «clone» de Ahmed Benmadani, le procureur de Azazga, avait cravaché dur, mais a obtenu 12 ans sur les 20 demandés! Le verdict a été mis en examen et tout le monde faisait la fine bouche à l´issue des débats levés tard dans la soirée du mardi 10 mai 2011.