«France 24 est comme un couteau suisse à qui l´on demande de faire beaucoup de choses mais dont on ne connaît pas la fonction première». Rachid Arhab, ex-présentateur de FR2 et membre du CSA Au moment où Al Jazeera revendique la paternité de la révolution qui a secoué le monde arabe et au moment où tous les médias du monde sont braqués sur la Libye et le Japon, la chaîne France 24 concentre sa force médiatique sur les événements qui se déroulent en Côte d´Ivoire. La crise dans cette ancienne colonie francaise est devenue même la chasse gardée des médias français et plus particulièrement de l´instrument du premier moyen audiovisuel extérieur de la France. Aucun média international n´a pied dans cette région, excepté les journalistes français et cela pour de nombreuses raisons. D´abord, la France d´aujourd´hui est en bons termes avec les militaires pro-Ouattara. (Cela peut changer durant les prochaines années). Ensuite, la France voit d´un mauvais oeil la présence de médias étrangers dans une région où elle active sur tous les terrains d´opération. Elle semble être la seule force médiatique dans cette région éloignée d´Afrique. Il y a ni Al Jazeera, ni CNN et encore moins la BBC. Seules quelques agences internationales y sont présentes pour témoigner sans images de ce conflit. Ainsi, les premières images de l´arrestation de Laurent Gbagbo diffusées sur le plan international ont été réalisées par France 24. Des images qui ont été transmises par la Télé de Côte d´Ivoire (TCI) télévision pro-Ouattara, sans le son, du président sortant de l´hôtel du Golf, soumis à une visite médicale. Selon certaines sources américaines, les commentaires ont été supprimés, car ils étaient lancés par le président Gbagbo contre les militaires français, qui ont contribué à la capture de l´ancien président ivoirien. Tout au long de la journée d´hier, les dépêches Reuters multipliaient les versions sur l´arrestation de Gbagbo. Les Nations unies affirment que Gbagbo s´est rendu aux forces pro-Ouattara. Selon le ministère français de la Défense, l´arrestation a été menée par les forces pro-Ouattara «soutenues par l´Onuci et la force Licorne». Plus tard, une source diplomatique française à Paris a démenti que les forces spéciales françaises ont arrêté Gbagbo. Selon le conseiller du président sortant ivoirien en France, Alain Toussaint, «Laurent Gbagbo a été arrêté par les forces spéciales françaises et remis aux forces de la rébellion [pro-Ouattara]» ajoutant que «les chars français ont pénétré dans sa résidence.» Quoi qu´il en soit, France 24 et quelques télévisions françaises, restent les seuls témoins audiovisuels dans cette région. Al Jazeera, CNN, BBC, ne semblent pas intéressées par l´information provenant de cette région, considérant peut-être que c´est un non-événement. Pendant que France 24 Arabic est en grève et que la commission parlementaire présidée par Michèle Tabarot (députée UMP, Alpes-Maritimes), qui auditionne Michel Boyon, président du Conseil supérieur de l´audiovisuel (CSA), accompagné de deux conseillers, Rachid Arhab et Emmanuel Gabla, s´inquiétait sur l´avenir de la chaîne de l´audiovisuel extérieur de la France, F24 poursuit son ratissage médiatique dans la Grande Afrique. [email protected]