Le système de compétition reste ce facile échappatoire qui permit, d'année en année, un véritable assainissement de la pratique en Algérie. Chaque fin de saison fleurissent les rumeurs et spéculations autour d'un football en mal de personnalité qui ne parvient pas à se donner une identité et, singulièrement, une stabilité propice à sa promotion. Ainsi, la fuite en avant continue et l'on reparle à «nouveau» d'un énième changement de système de compétition alors même que la base de l'édifice footballistique est encore à construire. Depuis des décennies l'on a focalisé sur le système de compétition qui est, en théorie, l'image véridique de l'évolution d'un football national. Qu'en est-il chez nous où chaque saison accouche d'un nouveau système derrière lequel subsiste un vide à tout le moins sidéral. En effet, la hiérarchisation d'une compétition est en fait, l'aboutissement d'un travail de longue haleine où chaque équipe, à chaque niveau du palier des championnats nationaux, connaît sa place, obtenue par l'effort et le travail à long terme. Or, l'on constate que les clubs algériens ne vont pas plus loin que le résultat immédiat quand, autour de l'équipe «fanion», c'est souvent le vide: pas de centre de formation, pas de prise en charge des petites catégories, pas de budget spécifique pour la formation et la gestion, méconnaissance enfin des règles de la pratique par ceux qui se disent managers ou éducateurs. Et un président de club ne peut être moins que cela. Aussi, ce sont les résultats de la gestion d'une association, (résultats sportifs certes, mais aussi, sans doute surtout, de gestion et d'administration) qui déterminent qui est grand et qui est petit, (et souvent ce n'est pas celui que l'on pense), seuls critères qui, en dernier recours, départagent. Dès lors, le football algérien n'a que faire de fortes personnalités, manière bulldozers, qui écrasent tout, mais plutôt a besoin d'administrateurs en phase avec la gestion d'un sport à juste raison universel. Mettant la charrue avant les boeufs, beaucoup d'associations se voient, et s'estiment dignes de la D1. Aussi, on se laisse aller à rêver d'une Nationale 1 à 18, 20 et pourquoi pas 22 équipes ou plus. Soyons sérieux, le football national n'a pas besoin de la quantité, mais surtout de la qualité, notamment lorsque l'on sait que 80% des équipes, dites de l'élite, sont insolvables, ne disposant ni de budget de fonctionnement, ni d'administration ou de comptabilité propre. Dans la mesure où la gestion d'un club revient chère, que dire de celle d'un club de performance ou professionnel? En vérité, dans un système normal, nombreux sont les clubs actuels de «l'élite» qui n'auraient pas eu leur place dans cette division, soi-disant, représentative de ce qui se fait de mieux dans les annales du jeu à onze national. Car si jamais les autorités du football (Fédération et Ligue nationale) se décident à appliquer la loi et à s'aligner ne serait-ce que sur ce qui se fait seulement chez nos voisins marocains et tunisiens, à imposer un cahier des charges, à contrôler le budget des clubs et voir si celui-ci est en conformité avec les moyens réels des clubs, notamment au vu des enchères qui défrayent la chronique chaque saison. Combien, parmi les 16 clubs, du prochain championnat de DI ont effectivement les moyens de leur ambition et singulièrement répondent aux critères de la performance? N'est-ce pas? Alors un peu de sérieux, Messieurs, et dites-vous que ce n'est pas sans raison que l'Algérie figure au fond des classements de la FIFA et est dépassée dans celui de la CAF par des pays qui sont loin d'avoir nos moyens. Parlons justement de moyens, les instances du football national ont pour leitmotiv cette excuse imparable : l'absence de moyens. A voir les milliards de dinars que l'Etat répand généreusement sur les ligues et les associations de football on se demande dans quel puits sans fond ils disparaissent? Comment peut-on parler d'une énième réorganisation du système de compétition alors même que les autorités du football n'ont pas établi les règles auxquelles les associations doivent se plier? Comment ces mêmes autorités acceptent-elles les scandaleuses surenchères autour des joueurs quand tous savent pertinemment que tout cela c'est du bluff et que les clubs, qui s'endettent de cette façon, attendent ensuite que l'Etat règle à leur place l'addition, de même que l'on attend de lui qu'ils assurent les mensualités -souvent supérieures à celles de hauts cadres de l'Etat- de «stars» hors de prix. Il suffit de voir les offres aux joueurs, dont font état les journaux spécialisés, pour être effaré par le cirque que donnent chaque intersaison les clubs dits de l'élite, avec au bout la prise en charge par l'Etat de ces dépenses inconsidérées et hors de portée de ces associations. Aussi, plutôt que de récompenser la médiocrité en ouvrant larges les portes du championnat de l'élite, on se serait attendu à ce que la Ligue fasse preuve de courage, et tenant compte des réalités financières existantes, de restreindre l'accès à l'élite en instaurant plus de rigueur par un contrôle plus strict des finances des clubs d'une part, en conditionnant, d'autre part, l'évolution en Division nationale à des règles strictes ayant pour paramètre les aptitudes financières, structurelles et administratives. Quitte à se retrouver avec seulement une demi-douzaine de clubs répondant à ces critères. C'est donc de courage que le football national a besoin, car, il faut bien commencer quelque part. En Europe, chaque jour les ligues européennes donnent l'exemple de leur professionnalisme par la défense sans faiblesse et avec constance de la légalité et le respect des règles et statuts en vigueur qui s'imposent à tous, grands et petits. En France, par exemple, Monaco, vice-champion de France et qualifié à la Champion Ligue, risque néanmoins la rétrogradation en division inférieure pour cause de budget non conforme aux critères du professionnalisme et de la gestion établis par les autorités du football français. Chez nous, où tout reste à faire, on réclame une DI à 18 clubs, c'est simplement de l'inconscience. Commençons d'abord par assainir la situation générale du football par notamment, l'établissement de règles fiables, lisibles et applicables à tous. C'est seulement en assumant toutes leurs responsabilités, en veillant à faire respecter, par tous, les lois et règles de la pratique, que les autorités du football mettront fin à l'anarchie qui règne dans le jeu à onze national. Car, le système de compétition ne peut être que le couronnement de tout un travail fait en profondeur et ne saurait continuer à être l'arbre qui cache la forêt.