cette option pour les demandeurs d'asile hors Europe a été développée et mûrie entre le Royaume-Uni et le Maroc. Ouf, semblent dire les demandeurs d'asile et immigrés clandestins après le rejet des Quinze du projet de Tony Blair, Premier ministre britannique, qui consiste en la création de camps de transit à l'image des «camps de concentration» de demandeurs d'asile à l'extérieur de l'Union européenne. Depuis plusieurs mois, cette idée, bien qu'elle ait été utilisée comme un ballonsonde pour les Quinze, avait suscité un véritable tollé chez les associations de défense des droits de l'Homme. Pour les Algériens vivant en Grande-Bretagne, le projet ne présageait rien de bon. Selon plusieurs d'entre eux, l'option a été concoctée, conçue et mûrie en collaboration avec le royaume chérifien prévu pour être la destination finale pour les clandestins et les demandeurs d'asile maghrébins et surtout algériens. C'est ce qui a expliqué la réaction des ONG. En effet, plusieurs ONG craignaient que les décideurs du Maroc n'utilisent les ressortissants algériens, tunisiens et libyens comme une carte de pression pour obtenir des concessions politiques sur la question du Sahara occidental. D'autant plus que la liste des candidats à ce genre de camps était pré-établie et que certains d'entre eux suscitent l'intérêt du Maroc sur le plan politique, voire sécuritaire. Bon nombre des clandestins fichés par Scotland-Yard répondent selon les indiscrétions, aux critères des besoins du royaume chérifien. L'objectif étant de débarrasser la Grande-Bretagne d'un fardeau insoutenable, celui des clandestins qui représentent encore plus de danger de représailles, à la suite de la guerre du Golfe. En contrepartie, le royaume fait d'une pierre deux coups. D'abord, récupérer ses propres opposants. Puis, utiliser les ressortissants algériens pour les besoins de la politique marocaine dans le Maghreb qu'il lie profondément avec celle du conflit avec le peuple sahraoui. Le Maroc a déjà eu recours à ce genre de politique aventurière en permettant aux groupes armés du GIA de prendre ces territoires comme base-arrière. Cela aurait eu des retombées navrantes. Quelques années plus tard, les activités du GIA ont inspiré des groupes extrémistes au Maroc qui se sont attaqués, à leur tour, aux innocents citoyens. Il convient de rappeler que les dirigeants européens, réunis en sommet près de Salonique (Grèce), ont refusé d'entériner la proposition britannique de «projet-pilote» de camps de transit, qui permettrait de tenir à l'écart de l'UE les réfugiés dans l'attente de traitement de leur demande d'asile. Ainsi, Amnesty International avait jugé cette proposition «illégale» au regard du droit international et demandé à l'UE de «ne pas chercher à se décharger» de ses responsabilités en ce qui concerne les réfugiés «sur des Etats vulnérables». L'Allemagne et la Suède également s'étaient élevées contre cette proposition, qui va à l'encontre de la Convention de Genève, soutenue, en revanche, par des pays comme le Danemark ou l'Autriche. Mais s'ils rejettent l'idée de créer des camps pour demandeurs d'asile, les Quinze vont, toutefois, confier à la Commission européenne une réflexion sur les moyens de permettre aux réfugiés de faire leur demande d'asile quand ils sont toujours dans le voisinage de leur région d'origine.