Les nouvelles mesures sur l'immigration, annoncées lundi par le ministre britannique de l'Intérieur, Charles Clarke, sont destinées essentiellement à fermer les portes de la Grande-Bretagne devant les immigrés non européens, estiment les experts à Londres. Les premières victimes d'un nouveau plan de cinq ans sont les demandeurs d'asile politique. Désormais, ceux qui bénéficieront du statut de réfugiés politiques ne pourront plus prétendre au droit d'asile permanent comme cela a été le cas jusqu'à présent. Ce statut leur permettait de rester en Grande-Bretagne toute leur vie et même d'acquérir la nationalité britannique dans le long terme. Leur statut sera remplacé par un séjour temporaire. Après une période de cinq ans, la situation dans leur pays d'origine sera réexaminée. Si les autorités britanniques jugent que cette situation s'est améliorée, les réfugiés politiques seront renvoyés vers leur pays d'origine. Par ailleurs, de nouveaux seuils ont été établis et qui consistent à doubler, en 2005, les expulsions de réfugiés politiques dont les demandes d'asile ont été rejetées. Le gouvernement britannique travaillera en concertation avec les pays des réfugiés politiques dont les demandes d'asile politique ont été rejetées. « Le but est de s'assurer qu'ils seront renvoyés chez eux dans le cadre d'une politique qui place l'immigration au centre de nos relations », indique à ce propos Charles Clarke. Parmi les mesures qui visent les réfugiés politiques, figurent également la décision d'accélérer les procédures d'étude des demandes d'asile et la création de nouveaux centres de détention pour réfugiés dont les cas sont en cours d'examen. « Ceux qui ne seront pas détenus seront dotés de bracelet électronique, tandis que leurs domiciles seront surveillés. » Les nouveaux critères en débat Ils doivent aussi pointer au commissariat de police tous les jours. Le gouvernement a décidé de prendre ces nouvelles mesures dans le but de contrecarrer le parti conservateur qui essaie de placer l'immigration, notamment l'asile politique, au centre de la campagne électorale, à deux mois des élections législatives. Sur ce thème, les conservateurs, dirigés par Michael Howard, ont le dessus sur le parti travailliste au pouvoir. Les organisations de défense des droits de l'homme accusent Tony Blair « de jouer la carte raciste pour plaire et attirer l'électorat de droite ». S'agissant des immigrés économiques, le but de la nouvelle loi consiste à éliminer les demandeurs des pays en voie de développement. Le nouveau plan prévoit l'instauration d'un système de points destiné à sélectionner les immigrés utiles à l'économie britannique. Seuls ces derniers pourront demeurer de façon permanente dans le pays. Cependant, ils devront passer des tests de langue anglaise et de connaissance générale sur l'English way of life. Parallèlement à ce système de points, qui permettra de sélectionner les candidats à l'immigration en Grande-Bretagne selon leurs diplômes ou leurs professions, le ministre de l'Intérieur a également annoncé que les rapprochements familiaux ne seraient plus automatiques. Les candidats à l'immigration en Grande-Bretagne, pour travailler ou étudier, n'auront de même plus droit de faire appel en cas de réponse négative. A l'exception des personnes ayant des diplômes ou des compétences très élevés, les immigrés acceptés en Grande-Bretagne devront désormais avoir un « parrain, normalement leur employeur ». Celui-ci devra se porter garant du bon comportement de son salarié, de son respect des conditions fixées au moment de son entrée dans le pays et de son départ effectif lorsque son visa arrive à expiration.