«Avons-nous eu tort d'avoir cru en un opérateur agréé par l'Etat?» Dans une lettre, le collectif des clients d'El Khalifa Bank en appelle à «la lucidité et à la générosité» du Président de la République. Les rédacteurs de cette missive, adressée au chef de l'Etat, se considèrent comme «les victimes de cette arnaque du siècle(...) Comment ne pas être qualifiés en tant que telles lorsque nos économies, qui représentent les sacrifices de toute une vie, sont les otages d'une faillite bancaire dont les vulnérables citoyens que nous sommes ne sont en aucun cas responsables?» s'interrogent les clients d'El Khalifa Bank qui posent le problème du seuil de remboursement des dépôts bancaires à hauteur de 600.000 DA, décidé par le gouvernement. «Alors se pose pour nous, lit-on dans le document dont L'Expression a eu une copie, la question de savoir quel sort sera réservé à l'épargne dépassant ce montant». Dans leur interpellation au Président de la République, les clients d'El Khalifa Bank tiennent à rappeler qu'ils ne sont ni «des maffiosi, ni des gros trabendistes, ni des potentats du système (...) que vous avez, vous-mêmes, maintes fois dénoncés et combattus». Ils annoncent par la même occasion avoir été dupés par l'administrateur, désigné par la Banque d'Algérie pour gérer El Khalifa Bank, qui leur a confié que «le dénouement positif était à court terme», pour annoncer «le 29 mai à 17 h (...) la reprise des activités le 1er juin», apprend-on à la lecture de la lettre ouverte qui pose une question de fond: «Avons-nous eu tort d'avoir cru en un opérateur agréé par l'Etat, choisi et préféré aux banques publiques par des institutions étatiques (...) et maintes fois sollicité pour sponsoriser telle ou telle activité sportive, culturelle ou de bienfaisance?». En fait, estiment les citoyens signataires de cette missive, l'Etat est, d'une manière ou d'une autre, responsable de cet état de fait. Ils se proposent même de situer les responsabilités en affirmant ouvertement que «la Banque d'Algérie et l'administrateur doivent rendre des comptes».