Les populations sahraouies dans l'attente Les quinze pays membres examineront le 15 avril le rapport sur le Sahara occidental que leur soumettra le secrétaire général des Nations unies. L´enjeu est de taille: la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental sera-t-elle enfin dotée d´un mécanisme de défense des droits de l´homme? Ban Ki-moon l´a-t-il recommandé? Une copie du rapport encore à l´état de brouillon qui a fait l´objet d´une fuite, recommande la prise en charge par la Minurso de la surveillance des droits humains dans les territoires occupés du Sahara occidental. Toutes les informations qui y sont recueillies «démontrent la nécessité d´une surveillance et d´une observation indépendante, impartiale et continue des droits de l´homme dans le territoire et dans les camps de réfugiés», souligne le texte. Le document sera-t-il remanié? On le saura dans deux semaines. Le mandat de la Minurso prendra fin le 29 avril 2011. C´est probablement dans les mêmes termes que sera votée et adoptée la prochaine résolution qui succédera à la résolution 1920. Dans cette perspective, les Etats membres du Conseil de sécurité de l´Organisation des Nations unies devront d´abord se réunir le 27 avril. Dernier round avant l´adoption de la mouture du texte final. La démarche est loin de constituer une simple formalité. Les négociations entre le Maroc et le Front Polisario ont, de tout temps, achoppé sur la question du respect des droits de l´homme et des conditions de détention des prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles de la tristement célèbre Carcel Negra et des autres prisons de l´ensemble du territoire marocain. La Communauté internationale est mobilisée pour lever cet obstacle majeur. Que cette injustice soit réparée afin de mettre un terme à la terrible répression qui s´abat sur les militants sahraouis des droits de l´homme et que cessent les exactions commises contre les populations sahraouies des territoires occupés. La chape de plomb doit être levée. Des voix et non des moindres, continuent de s´élever. Une nette prise de conscience a pris naissance depuis que le camp de toile sahraoui de Gdeim Izik a été pris d´assaut le 8 novembre 2010 par les forces d´occupation marocaines. L´assaut meurtrier subi par les Sahraouis du «Camp de la liberté» a été condamné à travers une résolution votée le 25 novembre 2010 par le Parlement européen. «Le Parlement européen exprime sa profonde préoccupation face à la nette détérioration de la situation au Sahara occidental et condamne fermement les violents incidents qui se sont produits dans le camp de Gdeim Izik lors de son démantèlement, ainsi que dans la ville d´El Aâyoune», indique le texte adopté par les élus européens qui avaient plaidé pour une commission d´enquête de l´Organisation des Nations unies. «La situation politique incertaine dans les territoires sahraouis occupés, ainsi que l´absence d´une structure internationale impartiale de surveillance des droits de l´homme ont eu des conséquences désastreuses sur les droits du peuple sahraoui», a indiqué de son côté le Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l´homme dont le siège se trouve à Washington. Dans son dernier rapport mondial 2010 sur les droits de l´homme, le département d´Etat a souligné que «des informations crédibles indiquent que les forces de sécurité marocaines avaient fait usage de tortures, de passages à tabac et d´autres mauvais traitements contre des détenus sahraouis»...Seule fausse note: la position française. «Je ne connais aucun rapport d´aucune ONG internationale sérieuse qui ait fait état de violations des droits de l´homme au Sahara occidental...», a déclaré, sans avoir froid aux yeux, le patron du Quai d´Orsay le 30 mars lors d´un débat au sein du Palais Bourbon qui avait pour thème «Europe et Méditerranée». Vraisemblablement esseulée sur cette question, la diplomatie française ne craint pas d´être ridicule. Le rapport de Ban Ki-moon l´enfoncera-t-elle davantage? Réponse le 30 avril.