L'histoire tragique d'un amour trompé comme il en existe encore à notre siècle... Samedi dernier coïncidant avec la Journée mondiale de la musique, le Théâtre national algérien en partenariat avec le Centre culturel français abritait un superbe opéra en 3 actes, Madame Butterfly de Giacomo Puccini, rehaussé mélodieusement par les envolées lyriques de l'orchestre philharmonique d'Alger que dirige en main de maître le maestro Amine Kouider. Mis en scène par Pierre-Alexandre Jauffert, les décors pittoresques de ce milieu japonais sont signés par l'opéra de Toulon tandis que les costumes, l'opéra de Marseille. Il y a lieu également de relever le mérite de l'accompagnement musical qui revenait à la chorale Nagham. Aussi, quelle chance de s'être trouvé ce soir au TNA pour goûter à ce chef-d'oeuvre de la musique universelle. L'un des plus célèbres opéras de l'histoire. Une histoire triste, dramatique, faite d'amour et de trahison qui, décidément, est toujours bien d'actualité. C'est un public privilégié qui a pu apprécier chacun des rebondissements de cet opéra et s'émouvoir devant l'accablante destinée que nourrit sa trame. C'est au Japon, début du 20e siècle au milieu d'un décor exotique donc à notre culture que se déroule la pièce. Cio Cio San (merveilleusement interprété par la soprano Irina Titaeva) est une jeune Japonaise surnommée par ses amis Madame Butterfly. Elle tombe amoureuse de Pinkerton alias le ténor Jean-Pierre Trevisant, un lieutenant de marine américain. Elle l'épouse et renonce ainsi à la religion de ses ancêtres. Cio Cio San croit au bonheur éternel alors que pour le jeune officier ce mariage n'est qu'un simple jeu exotique qu'il ne prend pas au sérieux. Peu après, il part en mission laissant sa «femme» qui l'attend en toute confiance et repousse toutes les propositions d'une vie plus honorable; un diplomate, Sharpless lui rend visite et est peiné de la situation car il mesure l'énorme malentendu. Il lui annonce que Pinkerton revient en lui montrant sa lettre mais il échoue à lui révéler la vérité. Son mari a épousé quelqu'un d'autre en Amérique. N'ayant pas vent de cela, madame Butterfly toute enthousiaste ne peut contenir son émotion. Elle décore avec son domestique Suzuki la maison en la remplissant de fleurs, le fruit de l'amour, son fils à côté d'elle. Elle veille toute la nuit en l'attendant. Mais il n'y aura pas de retrouvailles. Lorsque Cio Cio San connaît enfin la vérité, elle supporte d'abord l'affreuse nouvelle avec un calme pathétique et déchirant et part ensuite se suicider pour laver son honneur en abandonnant son fils aux soins de Pinkerton. Le malheureux destin de cette geisha a alimenté l'imaginaire des poètes et inspiré les compositeurs puisqu'il y eut de nombreuses interprétations de Madame Butterfly de par le monde. Les plus grandes chanteuses se sont essayées au rôle de Cio Cio San comme La Callas en revêtant le temps d'une captivante métamorphose, le joli vêtement traditionnel japonais, le kimono et la perruque japonaise katsura. C'est en 1904 qu'est née Madame Butterfly en devenant une des oeuvres les plus populaires du répertoire de Puccini après avoir essuyé quelques échecs au théâtre. Madame Butterfly a été adaptée au cinéma par Frédéric Mitterrand en 1996. C'est ravi et transporté d'émotion, de chagrin et de sensualité que le public est sorti non sans applaudir très chaleureusement l'ensemble des comédiens.