Quelle bonne nouvelle! Sept associations d´aide aux personnes atteintes de cancer se sont retrouvées, samedi dernier, au centre de presse d´El Moudjahid pour s´indigner et crier leur colère sur la mauvaise prise en charge de nos cancéreux. Qu´est-ce qu´ils ont dû être contents nos malades du cancer d´entendre toutes ces voix s´élever pour les défendre! D´entendre ces associations par la voix de leur porte-parole, Mme Kettab Hamida de l´association El Amel (du centre Pierre et Marie Curie d´Alger (Cpmc), dénoncer les délais d´attente trop longs entre les traitements. Pour un scanner, une IRM ou une radiothérapie. «Le cancer n´attend pas!» s´égosille-t-elle dans ses accusations. Tout en relevant l´existence de 57 centres de radiothérapie en projet, elle déplore leur réalisation à moyen terme alors qu´il y a urgence pour 28.000 malades qui sont en attente de rendez-vous. La solution passe, selon elle, par l´envoi de nos malades à l´étranger et l´octroi de prises en charge à leur profit. Quand on vous disait que la nouvelle est à faire pleurer d´émotion les malades et leurs familles! Voilà au moins une association qui défend efficacement les cancéreux. Quelle efficacité d´avoir pu réunir à El Moudjahid des associations venues de Jijel, Batna, Skikda, Oued Souf, Ghardaïa et Sidi Bel Abbès! Très peu savaient que des associations de malades du cancer existent à travers le territoire national. Il en manque même une: l´association Nour de Blida. Mais une fois passée la stupeur de cette soudaine montée au créneau de ces associations, on ne peut s´empêcher de se poser des questions sur l´opportunité, sur l´aspect caritatif et sur les actions antérieures entreprises au profit des malades. Et là, on apprend (voir le quotidien Horizons du 19 octobre 2010) que l´association El Amel-Cpmc existe depuis 1994. C´est-à-dire depuis 17 ans. De plus le Cpmc, chacun sait que c´est un centre hospitalier, situé dans l´enceinte même de l´hôpital Mustapha à Alger, spécialisé dans le traitement des maladies du cancer. On comprend, dès lors, moins pourquoi et comment, une association qui relève d´une structure de soins des cancéreux se lance dans des accusations gravissimes (la porte-parole des associations en question qualifie de «non-assistance à personnes en danger») ceux qui ont en charge les malades du cancer. Il est clair que c´est l´Etat qui est visé par ces accusations sauf que le Cpmc par sa nature de structure publique, est partie intégrante de cet Etat. On ne peut s´empêcher de penser à l´air du temps, celui de la contestation, pour expliquer que la porte-parole des associations se soit «mélangée les pinceaux». Et, bien sûr, nous avons continué à chercher. Toujours en 2010 et dans le même quotidien Horizons, Mme Kettab déclarait que «la prise en charge des cancéreux dans notre pays s´est nettement améliorée sur le plan médical». A quel moment disait-elle vrai, en 2010 ou samedi dernier à El Moudjahid? Autre question: comment fait-on pour exister 17 ans et ne pas être gêné «aux entournures» et ne pas se sentir soi-même impliqué dans cette «mauvaise» prise en charge des malades? La réponse se trouve certainement dans le bilan (s´il venait à être rendu public) de ces 17 longues années passées à défendre les intérêts des malades. «Qu´on nous dise seulement où va cet argent!» s´est insurgée Mme Kettab en évoquant les milliards de dollars consentis par l´Etat à la lutte contre le cancer. C´est fort! Tellement fort qu´on est en droit de demander à notre tour s´il est normal qu´une association de malades se fasse financer par des laboratoires étrangers? Sans compter le financement par l´Union européenne affiché sur son site Web. Arrêtons-là et gardons le reste, tant que faire se peut, pour épargner à nos malades des douleurs supplémentaires à celles de leur maladie!