Décidément, le secteur de la santé n'en finit pas avec ses déboires. Au bras de fer le mettant aux prises, déjà, à différents syndicats du secteur, le département de Djamel Ould-Abbès est désormais, interpellé en outre par le mouvement associatif d'aide aux malades. Ces derniers étant victimes d'une prise en charge, on ne peut mieux catastrophique. Les représentants des associations d'aide aux personnes atteintes de cancer crient carrément au scandale ! Rupture récurrente des médicaments, manque de centres de radiothérapie, absence de moyens de transport, mauvaise prestation de la Sécurité sociale ou encore l'absence de scanners fonctionnels. Ce sont autant de problèmes révélés publiquement, hier, par les représentants d'une dizaine d'associations activant dans différentes wilayas, lors d'une conférence de presse conjointement animée au centre du forum d'El Moudjahid (Alger). Et la liste est encore longue. Le pire, regrette Mme Hamida Kettab, secrétaire générale de l'association El-Amel du centre Pierre-et-Marie-Curie, (CPMC), c'est que la situation évolue en dégradation. L'alarme sans cesse tirée, Mme Kettab se demande qui est derrière cet état de fait “désastreux” ? Pourtant, estime-t-elle, les moyens, et pas des moindres, existent. Une enveloppe consistante avoisinant les 60 milliards de dollars est dédiée, dans le cadre de la loi de finances, au seul plan de plan national de lutte contre le cancer. Mais, un plan qui n'aurait point d'existence, si ce n'est que dans les tiroirs (bien cadenassés) de l'administration de tutelle. “Qu'on nous dise seulement où va cet argent ? Sinon, dépensons-nous autant pour assister, impuissants, à la mort de nos malades ? Aujourd'hui, je le dis et l'assume publiquement : chez nous ce n'est pas le cancer qui tue forcément, mais c'est bien la négligence et la mauvaise gestion” a pestiféré Mme Kettab, consternée de la réalité à laquelle font face les cancéreux. Une réalité qu'elle n'hésite pas à qualifier de… “non-assistance aux personnes en danger !” Dans son cri de détresse, la déléguée des associations hôtes d'El Moudjahid a ainsi voulu porter haut les souffrances que vivent tout bas des milliers de cancéreux. Si on se fie aux chiffres officiels, plus de 44 000 cas de cancer sont diagnostiqués rien qu'en 2011. Hélas, les décès se comptent également par milliers. Pour le seul type de cancer du sein, les statistiques font état de plus de 3 500 décès chaque année sur 9 000 femmes atteintes de cette pathologie. Peut-on éviter cette hécatombe ? La réponse des associations est affirmative. “Oui ! Il est largement possible de ramener à la baisse le taux de décès et donner plus de chance aux personnes atteintes de vivre plus longtemps. Pourvu qu'il y ait une prise en charge correcte des patients. Comme toutes les autres maladies, le cancer n'est pas une fatalité”. La solution ? à court terme, les invités d'El Moudjahid suggèrent d'approvisionner dans l'immédiat, le peu de centres anticancéreux existants, en tous médicaments, (cures de chimiothérapie, antidouleurs…), qui font cruellement défaut. Aussi, ajoutent-ils, il est plus que jamais urgent de répondre à la demande de plus de 28 000 patients qui attendent, depuis plusieurs mois déjà, en vain les rendez-vous de radiothérapie. Afin de poursuivre leur protocole de traitement, les intervenants recommandent la prise en charge, de ces… “mourants”, quitte à les envoyer à l'étranger. Le coût de l'opération, (environ 50 millions de centimes), serait le même que celui de les prendre en charge au niveau national. Dans la perspective de l'ouverture prochaine des centres de radiothérapie privés, (Blida, clinique El-Azhar), les représentants d'associations revendiquent, par ailleurs, la prise en charge des cancéreux par la Caisse nationale des assurances, (Cnas) pour leur permettre de subir leur cure dans ces centres inaccessibles pour eux. Ceci, dit-on, en attendant la réception des centres, (57 en radiothérapie, et 17 CAC), promis par l'état.