Ce jeudi 26 juin 2003 est manifestement une date à retenir dans le calendrier politique algérien. Le week-end politique s'annonce aujourd'hui comme l'un des plus déterminants de ces deux dernières années. Trois formations, et non des moindres, réunissent leurs troupes. Le FLN, le RDN et les ârchs constituent, avec le MSP récemment, les principaux centres d'intérêt au plan politique. Si le parti du défunt Nahnah fera parler de lui à l'occasion de son prochain congrès, où la bataille pour la succession sera rude et déteindra forcément sur le climat politique national, le secrétaire général du FLN a aujourd'hui rendez-vous avec l'ensemble de ses cadres à l'échelle du pays, pour justement confirmer la justesse de la succession qui s'est opérée au FLN en septembre 2001 et confirmée lors du dernier congrès du parti. En effet, au-delà du discours que prononcera Benflis, il s'agit d'apporter la preuve de la solidité de la formation qu'il dirige en réussissant le tour de main de rassembler, ministres, députés et 48 mouhafeds du pays. Benflis entend faire là une véritable démonstration de force, destinée à réduire les velléités des dissidents du FLN, quant à provoquer un retournement de la situation, à leur plus simple expression. L'ex-Chef du gouvernement mettra en principe fin à la tentative de «rébellion» organisée par Abdelakader Hadjar et consorts. C'est en cela que la rencontre d'aujourd'hui requiert une importance capitale au plan politique. Une victoire de Benflis sur ses contradicteurs au sein du vieux parti serait déterminante dans la suite des événements, notamment par rapport à la prochaine échéance électorale. Il y a lieu de souligner qu'un soutien d'un FLN soudé à la candidature de Benflis à l'élection présidentielle pèsera très lourd lors de la campagne électorale. Aussi, est-on amené à penser que le comité central, élargi aux ministres, députés et mouhafeds, qui se tient aujourd'hui, est sans conteste le plus important rendez-vous du FLN depuis l'avènement de la crise entre Benflis et le Président de la République. C'est en quelque sorte un congrès extraordinaire avant l'heure. La «moubayaâ», qui a toutes les chances de se produire ce week-end, relèguerait le fameux congrès au niveau de simple formalité. L'autre formation politique, pour qui le rendez-vous de ce week-end revêt une importance capitale, est le RND. Revenu au pouvoir par un concours de circonstances qui lui a été favorable, le parti d'Ouyahia n'est pas moins à l'aise dans sa nouvelle posture. Il y a lieu de rappeler, à ce propos, l'épée de Damoclès qui menace la cohésion du gouvernement avec le possible retrait du FLN et du MSP. Aux commandes d'un Exécutif vacillant, le secrétaire général du RND devra trouver les voies et moyens d'éviter l'écroulement d'une coalition qui se fissure de partout. Le conseil national de ce week-end intervient donc à un moment où le RND risque de laisser des plumes, sans avoir réellement eu le temps de savourer son retour aux affaires. La seule consolation qui lui reste serait de participer, à travers la personne de son chef, Ahmed Ouyahia, au règlement de la crise en Kabylie, ce qui en soi peut être considéré comme une grande victoire politique que le RND ne manquera sans doute pas de fructifier le cas échéant. Mais l'actuel Chef du gouvernement dispose-t-il du temps nécessaire pour résoudre cette épineuse question avant que n'éclate le gouvernement, sachant que son frère-ennemi, le FLN, est en mesure de lui causer bien des soucis? En attendant la bipartite reportée pour cause de séisme, la carte qui consiste à mettre fin à la crise en Kabylie est véritablement la seule issue de secours pour Ouyahia, et par extension, pour le RND. Or, il semble que la question du dialogue ne soit pas effectivement tranchée. Le conclave interwilayas qui se tient aujourd'hui à Amizour à Béjaïa est de loin le plus important depuis celui d'El-Kseur, qui a donné naissance à la plate-forme du même nom. Les ârchs se réunissent aujourd'hui pour décider de la suite à donner à l'offre de dialogue du pouvoir. Quelle que soit la décision qui sortira de cette rencontre, elle ne passera sans doute pas inaperçue. La Kabylie et l'Algérie seront ce week-end à la croisée des chemins. Enfin, ce jeudi 26 juin 2003 est manifestement une date à retenir dans le calendrier politique algérien. Le paysage politique national évoluera sans doute. Dans quel sens? Le FLN, le RND et les ârchs nous le diront.