La montée de la tension n'est pas à écarter dans les prochains jours. Alors que les partis en lice pour les prochaines joutes électorales sont encore au stade de la confection des listes des candidats qui doivent être déposées au plus tard demain à minuit, la campagne antivote menée, pour l'heure, par les structures du mouvement citoyen bat son plein aux quatre coins de la Kabylie. Le mouvement citoyen passe à la vitesse supérieure, en témoigne cette série quotidienne de rencontres avec les citoyens des différentes localités de la Kabylie. Les relations entre le Front des forces socialistes et les ârchs, déjà empreintes de suspicions depuis le début des événements du printemps noir, risquent de s'envenimer davantage à l'occasion de la campagne électorale qui s'annonce des plus électriques. La participation du FFS semble être définitive, eu égard à la mobilisation des troupes depuis quelques semaines autour de la confection des listes. Si les ârchs se contentent présentement d'interpeller ce parti pour reconsidérer sa position en prenant soin de rassurer sur le caractère pacifique de la campagne antivote, la montée de la tension n'est, cependant, pas à écarter dans les prochains jours avec la confirmation, quasi certaine, de la participation du FFS. Pour l'heure la Formation d'Aït Ahmed, continue, vaille que vaille, à se préparer sereinement en suivant de près le discours développé par les animateurs de l'interwilayas. Tout porte à croire que le parti d'Aït Ahmed ne se laissera pas faire. Ayant déjà, de par le passé, montré ses intentions par rapport aux ârchs, le FFS fera tout pour conforter sa position et reprendre le terrain qu'il a toujours estimé être le sien. De chaudes empoignades sont à prévoir dans cette confrontation que tout le monde souhaite pacifique. Eu égard aux rapports conflictuels qui existent entre le FFS et les ârchs, bien qu'il y ait des périodes d'entente calculées, tous les ingrédients d'une confrontation très tendue sont à présent réunis. Il reste à espérer que les uns et les autres fassent preuve de sagesse pour éviter à la région plus de préjudices. Mais c'est compter sans les visées d'autres protagonistes qui n'hésiteront pas à exploiter la situation pour maintenir le statu quo. Si pour l'instant, d'un côté comme de l'autre, on se contente de distiller des messages très pacifiques, il n'en demeure pas moins que les attitudes des deux protagonistes peuvent évoluer à tout moment vers une radicalisation fortement redoutée par la population de Kabylie. Les ârchs ne vont certainement pas laisser le FFS agir à sa guise. Le vent en poupe après la libération des détenus, les ârchs s'en vont en guerre contre ce qui est considéré, d'ores et déjà, comme «une trahison», «un virus du pouvoir». Disposant de sérieux atouts, les animateurs comptent s'opposer au FFS en menant une campagne pacifique axée essentiellement sur un argumentaire de rejet des élections, retenu lors du dernier conclave de l'interwilayas, qui tourne autour du code communal, des prérogatives des maires, de la stagnation de la situation sociale, économique et politique. Bref pour eux, «le peuple algérien n'a fait que voter depuis 40 ans». C'est aussi une occasion de régler leurs comptes avec le plus vieux parti d'opposition auquel ils ne pardonneront jamais les sentences prononcées à leur encontre par le chef charismatique, Aït Ahmed, qui a toujours traité les ârchs de création de services de police politique. De ce bras de fer, un seul sortira vainqueur. Si le FFS prend le dessus, il ouvrira certainement la voie aux autres partis participants pour descendre sur le terrain. Le FLN, qui ne sera présent que dans une quarantaine de communes, semble éprouver d'énormes difficultés pour établir ses listes. De là à croire qu'il mènera une campagne sur le terrain, rien n'est moins sûr eu égard à son potentiel militant qui n'est guère rajeuni. Les fédérations du Front des forces socialistes en Kabylie comptent présenter des listes à travers toutes les communes de la région. La sérénité affichée par les responsables cache mal les quelques couacs, signalés ça et là, nés essentiellement du refus de certains militants de cautionner la démarche de leur parti et de la lutte entre les postulants pour une bonne place sur les listes des candidatures. Le FFS se présentera, par ailleurs, seul dans certaines communes. Plusieurs maires sortants ont été reconduits à la tête des listes, comme c'est le cas notamment à Tifra et Béjaïa. Pour l'heure, c'est l'interwilayas qui passe à l'offensive en multipliant les rencontres de proximité avec les citoyens. Ces meetings populaires quotidiens seront couronnés par une importante action qui aura lieu demain 20 août à Ouzellaguène dans la wilaya de Béjaïa. Cette action, qui a pour objet «la réappropriation des dates historiques», vise également à empêcher les autorités, pour la deuxième année consécutive, à y tenir des festivités officielles. Au-delà de la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur qui est, à leurs yeux, une finalité, les animateurs du mouvement citoyen développent un discours politique, certes pacifique, mais aussi tranchant.