«A vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes.» John Fitzgerald Kennedy La révolution audiovisuelle n´est pas à l´ordre du jour en Tunisie. Depuis la révolution de jasmin qui a touché le pays en janvier 2011, le seul secteur qui n´a pas encore été touché par la révolution c´est bien la presse et l´audiovisuel tunisiens. Les journaux et télévisions publics et privés se sont certes adaptés à la nouvelle ligne politique du pays, mais aucune nouvelle télévision n´a été créée. La liberté n´est pas encore au rendez-vous et aucun média tunisien n´est capable de critiquer le gouvernement de transition. Mieux encore, la Tunisie vient d´être dépassée par l´Egypte puisque Misr vient de lancer sa deuxième télévision post-révolutionaire. La chaîne «Tahrir», du nom de la célèbre place du Caire, vient d´être lancée officiellement. C´est la 2e chaîne après «canal 25»en référence au 25 janvier, date du commencement de la révolution en Egypte qui est géré par un groupe de jeunes qui mènent des entrevues pendant toute la journée sur l´Egypte avant et après la révolution. Mais le concept de la chaîne «Tahrir» est plus professionnel et plus généraliste. Dans son staff, des journalistes professionnels comme Brahim Aïssa, créateur de la chaîne, et des professionnels des médias comme Mohammed Mourad, Tarek Habib, Hiba Kotb et Ahmed Abou Hiba. La chaîne s´inspire de l´esprit de la révolution arabe et souhaite effacer les 30 ans du pouvoir de Hosni Moubarak. Ainsi le premier programme de la chaîne est un «talk show» intitulé «Fi maydan» présenté par une ancienne vedette du petit écran égyptien, Mahmoud Saâd en collaboration avec le patron de la chaîne Brahim Aïssa. Le présentateur Saâd a été le plus visé par les médias et journaux gouvernementaux avant la révolution et a été empêché de se présenter à la télévision égyptienne à plusieurs reprises. De même, Tariq Habib est une star de la télévision égyptienne qui a été exclu depuis des années par les organisations gouvernementales et qui revient à l´écran sur cette chaîne de la révolution. Le programme «Tariq Habib se souvient» va rassembler les souvenirs, qui n´on jamais été diffusés ou présentés, des stars de l´Egypte sur plus de 40 ans. Aussi de retour, Heba Kotb, un médecin spécialisé dans les relations conjugales avec le programme «Dar el Ezz». Kotb avait annulé son contrat avec la chaîne privée «Hayat», il y a deux ans, en raison de l´insistance de la chaîne à faire de la publicité dans son émission pour un aphrodisiaque, pour attirer un grand nombre de téléspectatrices. Cette nouvelle chaîne de la liberté a également offert l´occasion à Ahmed Younis, de revenir au petit écran et communiquer avec le public à travers l´émission de télévision «Akher khat». Younis était l´une des vedettes de la radio «Noudjoum FM» très populaire en Egypte mais qui avait souffert dans la période de la révolution de l´intervention dans la gestion des programmes de la station de radio. Côté moussalssalate dramatiques, la chaîne a annoncé l´acquisition du droit de diffusion «Ce n´est pas «les mille et Une nuits» de Ashraf Abdul Baqi, qui a été déprogrammé par la télévision égyptienne pendant le Ramadhan dernier, après une seule diffusion en raison des critiques adressées indirectement au régime Moubarak. La chaîne a également acheté les droits de diffusion du feuilleton «El Djamea» (l´Université), qui a été diffusé par MBC 4 et qui a été boycotté par la télévision d´Etat égyptienne car il a critiqué indirectement les pratiques du régime Moubarak et les méthodes immorales du parti au pouvoir (le Parti national démocratique) à l´occasion des élections législatives. Ainsi, la révolution audiovisuelle continue de souffler en Egypte, en attendant le réveil du Maghreb. [email protected]