Le 1er Novembre c'est lui, l'attaque de la poste d'Oran en 1949, c'est lui. Ni Abane, ni Krim, ni Boudiaf, ni Aït Ahmed n'ont échappé à ses diatribes. Les assertions mensongères de Ben Bella dans une interview accordée à l´hebdomadaire français Jeune Afrique n´ont pas encore fait réagir la famille révolutionnaire. Pourtant, c´est un large pan de l´histoire de la Révolution algérienne que l´ex-président de la République vient de bafouer pour se glorifier lui-même. Le 1er Novembre c´est lui, l´attaque de la poste d´Oran en 1949, c´est lui. Devant cette forfaiture contre l´Histoire, aucune organisation des moudjahidine, encore moins le ministère de tutelle, aucune association des fils de chouhada, aucun parti politique (le FLN en tête qui se revendique de la légitimité historique), aucun intellectuel ni historien n´est sorti de son mutisme pour apporter certaines vérités aux contrevérités de Ben Bella. Portée sur des thèmes autrement peu intéressants et figée dans un immobilisme rigide, la famille révolutionnaire tourne le dos à la mémoire des martyrs. «Si nous venons à mourir, protégez nos mémoires», disait Didouche Mourad avant sa mort. Ben Bella était le premier à la piétiner juste après l´Indépendance. D´autres l´ont fait après lui. Espérons qu´il sera le dernier à le faire. Mais la famille révolutionnaire se désintéresse totalement de ces agressions contre la mémoire des véritables révolutionnaires. Ben Bella ne s´est pas contenté de s´attribuer les mérites de la révolution, il s´est également attaqué aux piliers et aux valeureux martyrs de la Guerre de libération. Ni Abane, ni Krim, ni Boudiaf, ni Aït Ahmed n´ont échappé à ses diatribes. Que l´on en juge; selon lui, Abane Ramdane, architecte de la Révolution algérienne, assassiné le 27 décembre 1957, l´a «exclu du Congrès de la Soummam». Krim Belkacem, moudjahid authentique et signataire des Accords d´Evian, assassiné le 20 octobre 1970 est «courageux». Mohamed Boudiaf, assassiné le 29 juin 1992 est «zéro sur le plan militaire». Hocine Aït Ahmed «est plus kabyle qu´algérien». Décortiquées, ces affirmations donneraient: «Abane serait un homme d´exclusion», Krim Belkacem réduit à son seul«courage», Boudiaf est sans «intelligence» et Aït Ahmed «raciste». Etant tous morts assassinés, hormis aït Ahmad en vie, Ben Bella vient de réassassiner les premiers cités sans que cette famille révolutionnaire ne réagisse.