Le fossé s'élargit entre une population excédée et des forces armées harcelées. Trois soldats américains ont trouvé la mort en Irak, parmi lesquels les deux portés disparus, il y a trois jours, dont les corps ont été retrouvés hier au nord-ouest de Bagdad. C'est le 22e Américains tombés sous les balles des fedayine de Saddam Hussein depuis le 1er mai, date de la fin des opérations militaires lourdes de la coalition en Irak. Depuis le début de la guerre en Irak, le 20 mars, 199 militaires américains ont perdu leur vie dont 64 imputés par le Pentagone à des «accidents». En outre, des soldats fidèles à l'ancien régime ont également tiré des roquettes sur un véhicule blindé américain près d'un pont à Falloujah, à l'ouest de Bagdad, dans la nuit de vendredi à samedi. Les attaques meurtrières contre les Américains continuent malgré les arrestations en masse opérées par les forces de la coalition dans le cadre de l'opération «Scorpion du désert», lancée le 15 juin dans la région de Bagdad et dans l'ouest de l'Irak. A ce sujet, un haut responsable américain a affirmé que les forces de la coalition ont arrêté 900 loyalistes à l'ancien régime. Face à la montée des victimes américaines en Irak, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a demandé à ses compatriotes «de faire preuve de patience» et émis «l'espoir que le bilan de plus en plus lourd des victimes ne provoquerait pas une pression accrue pour retirer prématurément les troupes américaines d'Irak». Ce qui signifierait la défaite de la coalition sur le plan international. Tout en affirmant que les forces de la coalition sont en train de reprendre le contrôle des frontières du pays, les coalisés admettent qu'il est difficile d'empêcher les combattants étrangers de s'infiltrer dans le pays pour les attaquer. Les coupures quotidiennes d'électricité et la pénurie d'eau potable par des temps de canicule, l'insécurité et le chômage élevé ajoutées aux frustrations ne font qu'accroître la répulsion des Irakiens envers les coalisés. D'ailleurs, les Irakiens réclament de plus en plus l'installation d'un gouvernement national en remplacement de l'administration américaine provisoire actuelle, soutenue par 156.000 militaires, dont 53.000 hommes stationnés dans Bagdad. Cette insécurité croissante est toutefois prise très au sérieux, puisque le Pentagone a dépêché jeudi une mission d'experts «indépendants» chargée d'évaluer la situation.