Eclaboussée par la crise en Kabylie, la GN recolle les morceaux et tente d'accaparer de nouveaux terrains de la sécurité intérieure. A l'occasion de la sortie de promotions d'élèves-officiers à l'école de la Gendarmerie nationale des Issers, le général-major Ahmed Boustila a joué la carte de la «transparence» et de la «proximité». Les personnalités civiles invitées, les journalistes, deux ministres (ceux de la Santé et de la Justice) et deux walis (d'Alger et de Boumerdès) sont venus renforcer cette tendance. La communication tous azimuts déployée par les officiers Ayoub et Bouroumana, la nouvelle tendance, reflétée par la coupe de cheveux et le langage new-age des tenants de l'information au niveau du commandement tendent à replacer la GN dans une perspective d'un corps armé performant et qui veut retrouver sa juste place dans la société algérienne. Fortement éclaboussée par la crise en Kabylie, retirée peu à peu de la lutte antiterroriste, la Gendarmerie nationale entend, d'un côté, devenir un corps performant, et de l'autre reprendre tout le terrain perdu - depuis avril 2001 - en procédant à une meilleure «occupation du terrain» et à une stratégie de proximité dont le maître-mot est d'être l'outil principal de la protection optimale des biens et des personnes. C'est en tout cas ce qui ressort de la harangue du colonel Abdelaziz Chater, directeur de l'école des élèves-officiers des Issers, qui n'a pas cessé d'insister sur l'orientation de la Gendarmerie nationale vers une spécialisation et de préciser que la GN doit être «au service des citoyens et de la nation» et que la gendarmerie doit «appliquer la loi sur elle-même avant de l'appliquer aux autres». Le général-major, assis à la tribune officielle, aux côtés des unités de son état-major, écoute attentivement ces directives appliquées à la lettre par ses officiers. S'ensuit une démonstration de brigades maîtres-chiens spécialisées dans la recherche de la drogue et des armes automatiques, une autre démonstration de la protection des VIP et des ripostes en temps réel à un guet-apens, puis enfin une opération de sauvetage simulée. En définitive, nous avons eu là l'ensemble des techniques développées par la GN et dont elle veut être, dorénavant, une des pièces maîtresses, avec ses prérogatives et rôles déjà avérés de protection routière. La mise en place prochaine d'un institut scientifique de la gendarmerie renseigne sur le souci de ce corps de se doter d'outils performants, «la preuve concrète» étant la base de ce corps qui chevauche en même temps l'armée, l'administration civile et la justice. Il y a quelques mois le général-major Boustilaa, au cours d'une tournée d'inspection à Blida, violemment fustigé certains de ses propres cadres «indignes», selon lui, «de porter l'uniforme vert de la Gendarmerie nationale». Message non codé, immédiatement mis en application.