Des milliers de manifestants réclamaient hier le départ de Saleh Les efforts pour trouver une issue à la crise yéménite, otage de l'intransigeance et des manipulations de Saleh et de ses partisans. Le président yéménite Ali Abdallah Saleh fait encore des siennes. Après la signature de l´accord pour une transition pacifique par les responsables de l´opposition, le président yéménite a, encore une fois, usé de ruses afin de contourner la signature de ce que l´on peut qualifier, pour lui, de billet de sortie (...). Il refuse toutefois d´apposer sa signature sur le document mis au point par le CCG, en accord avec les deux parties yéménites. Des centaines de partisans du chef de l´Etat, armés de bâtons, bloquaient, hier matin, les principales artères de Sanaa, dont celles menant au palais présidentiel, pour manifester leur opposition à la signature d´un accord sur la transition prévoyant le départ de M.Saleh. Ils bloquaient également à l´aide de blocs de pierre la route de l´aéroport et la rue menant à la place Tahrir, dans le centre de Sanaa, où est situé le siège du gouvernement. Plus tard dans l´après-midi, les partisans du régime yéménite, armés, encerclaient l´ambassade des Emirats arabes unis à Sanaa, où étaient réunis des ambassadeurs occidentaux et un médiateur du Golfe dépêché pour tenter de dénouer la crise, selon un diplomate. Les ambassadeurs des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de l´Union européenne ainsi que le secrétaire général du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), Abdellatif Zayani, se trouvaient dans l´ambassade assiégée, selon la même source. Les diplomates étaient réunis dans l´attente d´une décision du président Ali Abdallah Saleh de parapher l´accord sur la transition au Yémen. Les opposants à M.Saleh se sont, quant à eux, rassemblés place du Changement, épicentre de la contestation à Sanaa, dans la plus grande manifestation qu´ait connue la capitale pour réclamer le départ immédiat du président et fêter le 21e anniversaire de l´unification du Yémen. La signature de l´accord a été maintes fois annoncée puis reportée, du fait des tergiversations de M.Saleh qui avait déjà refusé, à la dernière minute mercredi, de signer l´accord de transition. Secoué depuis janvier dernier par une contestation populaire du régime de M.Saleh, accusé de népotisme et de corruption, la révolte au Yémen a coûté la vie à 181 personnes. Malgré les pressions internationales alors que l´opposition «a averti qu´il serait chassé du pouvoir» sous la pression de la rue s´il ne signait pas, le président yéménite ne semble pas être prêt à jeter du lest. La stratégie adoptée, cette fois-ci par le président contesté et ses conseillers, tend à utiliser une mobilisation importante de ses partisans afin d´empêcher la tenue de réunion. De son côté, l´opposition avait déjà signé, samedi soir, l´accord en présence d´un émissaire du Golfe et de plusieurs ambassadeurs, dont celui des Etats-Unis. Hier, le président Saleh a exigé que l´opposition signe avec lui l´accord, posant ainsi une nouvelle entrave devant ce plan de sortie de crise. «La cérémonie de signature de l´accord devait se dérouler au palais présidentiel en présence de toutes les parties politiques concernées», a affirmé dans un communiqué le parti présidentiel. Ayant refusé de se rendre au palais présidentiel, l´accord élaboré par les monarchies du Golfe, a été signé samedi soir au domicile d´un dirigeant de l´opposition. La presse n´a cependant pas été conviée à la cérémonie. «La signature à huis clos ne peut être reconnue, elle reflète de mauvaises intentions à l´égard de l´initiative» du CCG, a estimé un communiqué du parti présidentiel. De son côté, la secrétaire d´Etat américaine Hillary Clinton avait appelé M.Saleh à «respecter son engagement» à quitter le pouvoir. Pour leur part, les monarchies du CCG «ont donné jusqu´à hier en milieu de journée à M.Saleh pour signer», selon l´opposition. La situation s´annonce de plus en plus critique. Si M.Saleh ne signe pas l´accord, «la révolte va s´intensifier et il (finira) par être chassé du pouvoir», a averti M.Mohamed Qahtan. L´étau se ressert autour de Saleh, qui ne veut pas lâcher prise. Le plan, élaboré avec l´aide des Etats-Unis et de l´Union européenne, prévoit la formation par l´opposition d´un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard de M.Saleh en échange d´une immunité pour lui-même et pour ses proches, puis une élection présidentielle dans les 60 jours.