Une action militaire française sous la bannière de l'Otan sur le territoire national, demeure un des projets les plus insensés des nostalgiques de l'Algérie française. L´Indépendance de l´Algérie n´est pas encore digérée par Marine Le Pen. La nouvelle présidente du Front national prend prétexte du contexte géopolitique qui prévaut actuellement au Maghreb, conséquence du conflit libyen, pour évoquer une probable intervention militaire de la France en Algérie. «Comment ne pas trouver potentiellement explosive une situation qui verrait la France intervenir sur le territoire algérien, qui plus est sous la bannière de l´Otan, avec la présence massive de citoyens tiraillés par leur double allégeance?» s´interroge la présidente du Front national. L´amalgame avec le prétendu débat sur la double nationalité est installé. Marine Le Pen prend ses désirs pour des réalités: elle croit au scénario d´un débarquement de troupes militaires françaises sur le sol algérien. «Après tout, la situation internationale est tellement instable qu´un tel scénario ne relève pas de l´absurde. Il n´y a pas plus de liberté en Algérie qu´il n´y en avait en Tunisie, en Egypte ou en Libye, sans compter les 100.000 morts de la guerre civile algérienne depuis 1991», fait, elle remarquer. Une salade de macédoine en guise d´analyse politique! Il ne manquait que le coup de l´éventail pour compléter ce décor fantasmagorique. Ceux qui pensaient que la page de l´ère Jean-Marie Le Pen allait être définitivement tournée avec l´arrivée de son héritière à la tête du parti qu´il a dirigé d´une main de fer pendant près de quarante ans (depuis sa création en 1972 jusqu´en 2011) sont définitivement édifiés. Les gènes transmis à Marine Le Pen par son géniteur sont tenaces. La patronne du parti le plus raciste et le plus xénophobe de France, vient de prouver qu´elle ne trahira pas les liens du sang. L´Algérie indépendante est restée en travers de la gorge de Jean-Marie Le Pen. Marine, sa fille, en fait une affaire familiale. Dans la lettre adressée par Marine Le Pen aux députés français concernant la binationalité, la présidente du Front national fait référence à la guerre d´Algérie. Elle dénonce les relations franco-algériennes, met en exergue la question des harkis et cite la reconnaissance des crimes commis par l´ex- puissance colonisatrice exigée par Mohamed Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine (anciens combattants) comme condition de relations plus apaisées avec la France. Une attaque en règle contre l´Algérie à travers le débat sur la bi-nationalité qu´elle a déjà imposé à la classe politique française. Un os de plus à ronger, à défaut de s´intéresser aux affaires de moeurs qui l´ont éclaboussé ces derniers jours (affaire DSK, Georges Tron...). Le secrétaire général de l´UMP fonce tête baissée. «Nous serons certainement amenés à aborder cette question lorsque nous aurons notre convention sur l´immigration et l´intégration, début juillet», a promis Jean-François Copé. Les cibles sont ailleurs. «A quelques mois du cinquantenaire du douloureux épisode de l´exode des rapatriés d´Algérie et du massacre des harkis, comment peut-on accepter qu´un ministre algérien, M.Mohamed Chérif Abbas, déclare que «les relations de l´Algérie et de la France ne pourront être construites sur de bonnes bases et de manière durable que lorsque la France aura reconnu ses crimes en Algérie», alors même que l´Algérie totaliserait près de quatre millions de binationaux sur notre sol?» s´interroge Marine Le Pen qui fait des Algériens qui disposent de la double nationalité des ennemis potentiels de la France. Des réflexes poujadistes inoculés par son prédécesseur au Front national. Dans son courrier du 30 mai dernier, elle interpelle en ce sens les 577 élus du Palais Bourbon. «Comment ne pas voir que réside dans cette double nationalité l´un des ferments principaux d´atteinte à cette cohésion républicaine dont la France a plus que jamais besoin et un puissant frein à l´assimilation des Français issus de l´immigration?» se demande, une fois de plus, la première responsable du FN. De l´interdiction des minarets à la suppression de la binationalité dont les Algériens demeurent sa principale cible en passant sur les prières de rue des musulmans qu´elle n´a pas hésité à comparer à une occupation, Marine Le Pen prend en charge et perpétue les frustrations de son père. Du mauvais sang en héritage.