La leader d'extrême droite prend comme hypothèse une intervention de l'armée française en Algérie, à l'exemple de la Libye, pour justifier sa demande d'abrogation de la possibilité d'avoir une double nationalité, française et étrangère. Paris (France) De notre correspondant Peut-on raisonnablement penser que la France aurait demandé une intervention en Libye si nous avions compté le même nombre de binationaux franco-libyens sur le sol français ? Comment ne pas trouver potentiellement explosive une situation qui verrait la France intervenir sur le territoire algérien, qui plus est sous la bannière de l'OTAN, avec la présence massive de citoyens tiraillés par leur double allégeance ? Après tout, la situation internationale est tellement instable qu'un tel scénario ne relève pas de l'absurde. Il n'y a pas plus de liberté en Algérie qu'il n'y en avait en Tunisie, en Egypte ou en Libye, sans compter les 100 000 morts de la guerre civile algérienne depuis 1991.» La présidente du Front national, Marine Le Pen, fille de Jean-Marie, a écrit aux 577 députés de l'Assemblée nationale pour leur demander d'abroger la possibilité d'avoir une double nationalité, une «atteinte à la cohésion républicaine», selon elle. Renouant avec les démons de son père, la fille a beau se lancer dans un lifting politique à la recherche d'une respectabilité qui continue de lui échapper, elle revient toujours aux fantômes du Front national. Un coup à gauche avec le pouvoir d'achat, un autre à droite toute contre l'immigration, et maintenant la double nationalité. Et l'Algérie demeure un sujet porteur au Front national et aux nombreux membres de l'OAS qui l'ont rejoint. Soixante ans plus tard, ils en sont encore à regretter son indépendance. Si la gauche rejette en bloc ce débat, des voix à droite y sont sensibles. Le député UMP, Claude Goasguen, rapporteur de la mission d'information parlementaire sur le droit de la nationalité, a récemment estimé qu'il fallait limiter la binationalité ou en tout cas les droits politiques. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'en tire avec une pirouette et affirme n'avoir pas reçu la lettre envoyée par Marine Le Pen. «Nous serons certainement amenés à aborder cette question lorsque nous aurons notre convention sur l'immigration et l'intégration.» Il risque d'être dépassé par l'aile extrême de son parti. Un certain nombre de députés UMP, notamment au sein du collectif de la droite populaire, réclament eux aussi l'abrogation de la binationalité.