Second port de pêche après celui de Ghazaouet, le port de Bouharoun suffoque. En raison de l'envasement, le port n'a plus que 3 mètres de profondeur au lieu de 11. la montée du sable gêne plus que jamais les bateaux. Aménagé et rénové en 1978, le port de Bouharoun a été mis en exploitation dès 1980. Avec une jetée principale de 478 mètres linéaires et une autre secondaire de 100 mètres, sa capacité d'accueil des embarcations est de plus en plus réduite faute d'une gestion intelligente de son espace. Sur place, les armateurs disent être sinistrés en tout, particulièrement sur le plan de l'hygiène. Ils dénoncent le renoncement des autorités locales aux exigences d'entretien de la rade. En effet, l'eau y est devenue noire du fait de la décomposition du poisson et les pêcheurs réclament sans plus tarder, le nettoyage du bassin. Le drainage de celui-ci devait être effectué par Khalifa Construction mais en raison des déboires qu' a connus le groupe Abdelmoumen, l'infrastructure portuaire n'a pu être «toilettée» à temps, c'est-à-dire en mai dernier. Du coup, ce port qui fait vivre, outre la capitale et la ville de Bouharoun, toutes les localités limitrophes dont : Fouka, Bou Ismaïl, Chiffalo, Tipaza et Douaouda, n'en finit pas de connaître une pression sans précédent. Il arrive souvent que des chalutiers valant plus de trois milliards soient remorqués dans l'enceinte portuaire où l'eau est devenue toxique, nauséabonde et où la putréfaction du poisson mort rivalise avec les eaux usées déversées des hauteurs de la ville mais aussi des restaurants qui investissent le terre-plein du port. Les égouts à ciel ouvert de ces derniers ne semblent d'ailleurs pas importuner outre mesure leurs propriétaires. A ce propos les pêcheurs se plaignent de ne pouvoir presque plus jeter, leurs filets dans l'onde polluée non sans ajouter comme pour ironiser «un virus non identifié est en incubation ici» tellement les relents putrides du port de Bouharoun seraient perçus à des miles à la ronde. Pourtant il aurait été salutaire, en attendant les grands travaux, disent les pêcheurs de créer une sorte d'isthme au port qui permettrait l'écoulement de l'eau hors du bassin. La «passe» étant trop étroite, nombreux sont les bateaux qui ont failli couler. Les pêcheurs qui payent entre 5000 et 9000 dinars de droits de quai par trimestre, dénoncent également les agressions dont ils font l'objet des quelques gangs organisés qui s'en prennent aux professionnels auxquels ils exigent une dîme digne des hauts faits de pirates. «même la police n'est pas là pour nous protéger» se plaint un matelot aux tempes grisonnantes. Par ailleurs, les usagers du port relèvent des anomalies graves dans la structure même du port, ils évoquent l'absence de «brise-lames» et l'insuffisance du quai extérieur face aux grandes tempêtes et au déchaînement de la mer. Lors de la visite du ministre de la Pêche du port de Bouharoun, il n' a à aucun moment été informé des préoccupations urgentes des pêcheurs mais il a assuré que son département a inscrit une opération de dragage, et qu'un avis d'appel d'offres est lancé et le choix de l'entreprise est en cours. Pourra-t-on rendre l'espoir aux travailleurs de la mer de Bouharoun dont la production annuelle sur ces cinq dernières années est évaluée à 6000 tonnes par an, avec 80 %, de poisson bleu et 20 autres de poisson blanc.