Le risque est grand de voir l'Agence produire des chômeurs endettés. La réponse des jeunes aux mesures de facilitations auxquelles a appelé le chef de l´Etat lors du Conseil des ministres du 22 février dernier s´est traduite dans leur engouement vers les agences d´emploi réparties à travers le territoire national. Ils y vont afin de s´enquérir sur les modes d´octroi de crédits leur permettant de monter leurs micro-entreprises et sortir du chômage. Les jeunes sont nombreux à se dépêcher avec leurs dossiers vers l´Agence nationale de gestion du microcrédit (Angem), la Caisse nationale d´assurance chômage (Cnac), l´Agence nationale de soutien à l´emploi de jeunes (Ansej) et l´Agence nationale de l´emploi (Anem). Beaucoup d´entre eux comptent réaliser des projets de transport de marchandises ou de voyageurs. Ils ont besoin d´une aide financière pour l´acquisition d´un véhicule profitant de la baisse de l´apport personnel. Certains ont déposé des dossiers au niveau de ces agences depuis des années et n´ont eu aucune suite. Les femmes sont aussi intéressées par ces formules et tentent de monter des ateliers de confection. Dans les quartiers populaires, comme à Belcourt, l´agence des Halles enregistre une grande affluence. Les universitaires sont en quête d´emploi dans leur spécialité. De son côté, l´Angem a annoncé que les jeunes lanceront prochainement leurs projets selon les nouvelles mesures conformément au décret présidentiel 11-113 définissant les modes de gestion du microcrédit. Elle a déjà procédé à la révision des conventions avec les banques, selon Mourad Oubad, conseiller auprès du directeur général, chargé de la communication. L´Agence a financé, jusqu´à fin mars 2011, 212.000 micro-activités ce qui a permis la création de 317.000 emplois permanents. Les amendements introduits concernent le relèvement de 30.000 DA à 100.000 DA du montant du crédit sans intérêt, alloué à l´acquisition de matières premières et de 400.000 DA à 1 million DA du montant du crédit destiné à l´acquisition de matériels et équipements. Les nouvelles mesures prévoient l´élargissement du microcrédit aux activités commerciales. De son côté, le secrétaire général de l´Anem, Mohamed Tahar Chaâlane a souligné à l´APS que plusieurs entreprises demandent des maçons et des soudeurs mais qu´il leur répond par la négative. L´importance d´aider les jeunes à choisir les domaines qui leur conviennent est soulignée par Yaâlaoui Idriss, conseiller d´accompagnement en matière de création d´entreprises. Le gouvernement a, lui aussi, un avis sur le dossier. Mardi dernier, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a affirmé que les opérateurs économiques devraient répercuter les avantages et facilitations prévus dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2011 (LFC) par un retour d´investissements en créant de la richesse et de l´emploi. Des avantages fiscaux et des soutiens ont été accordés en termes d´accès au foncier et à la commande publique, dit-il. «Il faut que l´économie fasse un retour sur ces avantages au profit du budget national en créant de la richesse et de l´emploi, mais aussi en distribuant des revenus», a déclaré Djoudi à l´issue d´une séance plénière de l´APN. Il ajoute qu´il faut que les opérateurs économiques fassent l´effort de créer de l´investissement et de l´emploi, de payer les impôts et d´accompagner le financement du développement économique de l´Algérie. La LFC 2011 prévoit des mesures pour encourager l´investissement et relancer le secteur de la PME, notamment en matière de fiscalité, d´accès au foncier industriel et à la commande publique. Le tout pour tenter de créer plus d´emplois. La presse a néanmoins mis en garde contre le risque d´infiltration de la mafia du dispositif d´aide aux jeunes. Les faux demandeurs, ce n´est pas ce qui manque. Les fraudes sont enregistrées chaque fois que l´Etat distribue de l´argent. Autre risque: celui de produire des chômeurs endettés au cas où ils ne réussissent pas leurs projets.