Il y a une réelle inquiétude américaine sur les conséquences de la crise libyenne Les graves troubles sécuritaires qu´annoncent la crise libyenne, font réagir Washington qui partage désormais, les mêmes visions qu´Alger. Une délégation américaine conduite par Mark Adams, haut conseiller au Bureau des affaires politiques et militaires auprès du département d´Etat, séjourne en Algérie du 12 au 14 juin. Ce déplacement entre dans le cadre de consultations portant sur les risques de prolifération d´armes de tous types, en particulier l´armement spécialisé dans la sous-région, en relation avec la crise libyenne. C´est ce qu´a annoncé hier, un communiqué de l´ambassade des Etats-Unis à Alger précisant que «cette visite représente une nouvelle étape dans la coopération sécuritaire et antiterroriste croissante entre les Etats-Unis et l´Algérie». Depuis le début de la crise, la problématique des armes libyennes a été le premier souci exprimé par les autorités algériennes. Cette inquiétude a été, notamment exprimée par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci puis appuyée par de nombreux observateurs et spécialistes des questions sécuritaires. «Des stocks d´armes légères et des missiles air-sol sont passés entre les mains des éléments d´Al Qaîda», a révélé le professeur Mhend Berkouk, directeur du Centre de recherche stratégique et sécuritaire à Alger soulignant «que cela risque de changer totalement la donne sécuritaire au niveau du Sahel». Durant leur séjour en Algérie, le conseiller principal du président Obama pour la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste John Brennan, le coordonnateur de la lutte antiterroriste au département d´Etat, Daniel Benjamin et le commandant du Commandement américain pour l´Afrique (Africom), le général de corps d´armée Carter Ham ont souligné que la prolifération du terrorisme et des actes criminels traditionnels à travers les frontières nationales rendait la coopération internationale essentielle pour traduire en justice ceux qui menacent notre sécurité. C´est là une autre approche développée par l´Algérie, à savoir la coopération internationale face à un problème transnational. Aussi, la délégation américaine a procédé avec la partie algérienne à un échange d´analyses et d´informations sur la question sensible de la circulation d´armes et la menace de prolifération d´armements spécialisés dans la sous-région. Le ballet des délégations militaires américaines à Alger appelle à au moins trois lectures. La première est cette reconnaissance à l´Algérie d´un rôle pivot dans la lutte contre le terrorisme. Un rôle souligné par ces même militaires américains. La deuxième lecture est que les Américains ont décidé de donner le coup de grâce à Al Qaîda. Après avoir éliminé le chef de cette nébuleuse, Oussama Ben Laden au début du moi de mai dernier au Pakistan, après avoir tué le représentant en Afrique, chef de cette même nébuleuse, il y a quelques jours, l´Amérique veut extirper définitivement les racines d´Al Qaîda. Et enfin, la dernière lecture est cette inquiétude qui laisse entendre qu´il y a entre les mains d´Al Qaîda des armes suffisamment dangereuses pour mettre en danger les intérêts américains. Tout compte fait, la phase finale de la lutte contre Al Qaîda se jouera au Sahel. Ironie du sort, l´intérêt américain pour la région a commencé en 1961. Le premier accord militaire signé par les USA avec un pays africain l´était avec le Mali, soit une année après l´indépendance de ce dernier. La France a signé une nomenclature d´accords avec les pays africains en 1960, revue en 1974. Depuis le début de la crise libyenne, il y a une volonté américaine non pas de guider la «révolution» libyenne mais plutôt de l´orienter. On le voit au regard de la décision prise par les Etats-Unis de ne pas s´engager militairement en Libye mais en utilisant des drones. D´autre part, on constate une réelle inquiétude des Américains par rapport au conflit libyen qui aura des conséquences sur deux zones géopolitiques sensibles: l´Afrique du Nord et la Méditerranée. Pour se rendre compte de cette importance, il suffit de savoir que d´ici 10 ans près de 25% du pétrole américain proviendra d´Afrique et que la Libye représente une niche énergétique de 36 milliards de barils.