La secrétaire d´Etat américaine, Hillary Clinton, continue à demander à tous les Etats africains d´appeler El Gueddafi à quitter le pouvoir. Et d´expulser les diplomates pro-El Gueddafi. Elle espère ainsi renforcer les rangs des nations reconnaissant le Conseil national de transition (CNT) comme représentant «légitime» du peuple libyen. Comme si la reconnaissance internationale était un élément fondamental de la souveraineté des pays. Quand bien même cela aurait pu être le cas, pourquoi tarde-t-on à appliquer la même recette à l´Autorité palestinienne? Si l´on compte bien, on est obligé de se rendre à l´évidence. Dans la course à la reconnaissance internationale, Mahmoud Abbas (Palestine) et Mohamed Abdelaziz (Rasd) battent à plate couture le dirigeant de la rébellion libyenne, Moustapha Abdeljalil. Malgré ce score sans appel, on continue royalement, à ignorer les droits de deux peuples sous le joug de puissances étrangères. Mais au fond, qu´est-ce qui fait courir Madame Clinton? Le président sud-africain Jacob Zuma détient la réponse. L´Alliance en guerre contre la Libye, dont font partie les Etats-Unis, n´est nullement motivée par des mobiles humanitaires. Voici le verdict du président sud-africain: l´Alliance est en train d´outrepasser la résolution du Conseil de sécurité de l´ONU pour obtenir un changement de régime, par des assassinats politiques et pour une occupation militaire étrangère. Ce dont l´Algérie, aussi, ne veut pas. Alors, si l´appel de Madame Clinton vise, in fine, à l´occupation d´un pays voisin, ni l´Afrique du Sud ni l´Algérie, ni l´Afrique en général, ne sont disposées à soutenir ce plan. D´autres pays du continent noir continuent, de préférence, à se référer à la Feuille de route de l´Union africaine (UA) appelant à un cessez-le-feu et à l´ouverture de négociations. Fort du soutien de l´Occident, le CNT libyen rejette l´offre de l´UA acceptée en revanche par El Gueddafi. Carotte africaine, bâton américain. A ce début de camouflet diplomatique, s´ajoutent des difficultés militaires, compliquant davantage la situation sur le terrain et annonçant des souffrances supplémentaires pour le peuple libyen. Jugeons-en plutôt. Le commandant suprême allié pour la transformation de l´Otan, le général français Stéphane Abrial, pense que si les opérations durent plus longtemps, la question des ressources deviendra critique. Puis un autre avertissement vient du secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, mettant en garde les alliés sur leur manque d´investissements militaires et de volonté politique, qui pourrait compromettre l´efficacité de la mission en Libye. Et le chef de la Royal Navy, l´amiral Mark Stanhope, a prévenu que les priorités de la Grande-Bretagne en Libye devraient être repensées si l´opération lancée par l´Otan durait plus de six mois. Est-il alors temps de chercher des leurres? La chef de la diplomatie européenne, Catherin Ashton, s´en charge. Elle se rend en Israël et dans les Territoires palestiniens pour tenter de relancer le processus de paix. Le temps de faire oublier les quiproquos sur la Libye. Mais en six mois, le cocktail explosif a tout le temps pour exploser dans la figure de l´Alliance. Pendant ce temps, le Palestinien Abbas, au seuil de faire admettre l´Etat palestinien en tant que membre de l´ONU, tentera d´améliorer son score. Il emporte déjà la partie par le large score de 130 reconnaissances de pays étrangers, contre 14 pour le Libyen Abdeljalil.