80% des entrées illégales se sont faites par le territoire grec La redoutable crise financière qui sévit dans ce pays risque tout simplement de les «broyer». La zone euro est ébranlée par la crise grecque. Athènes et l´Europe tentent d´éviter l´asphyxie. Paradoxalement, ce sont vers des pays qui sont plongés dans des crises sans précédent où les perspectives d´avenir s´assombrissent quotidiennement que les Algériens, en quête d´un ailleurs qui leur offrirait l´espoir d´une vie meilleure, se dirigent. Une étude financée par l´Union européenne faisait état, en 2010, de 950 Algériens clandestins détenus depuis plusieurs mois dans les geôles grecques tandis que le nombre total d´immigrants qui l´ont rejoint illégalement s´élève à plus de 5000. L´enquête qui était en voie de finalisation, indiquait que ce chiffre pourrait être multiplié par deux. Alors que le sort des sans-papiers algériens vivant en France semble scellé puisque quelque 3000 d´entre eux doivent faire l´objet de mesures de raccompagnement à la frontière, celui de ceux qui ont choisi la Grèce comme destination, demeure des plus incertain. Un paradoxe aux conséquences humaines dramatiques qui caractérise une Algérie dont les réserves dépassent les 160 milliards de dollars. D´autre part, les 286 milliards de dollars mis sur la table par les pouvoirs publics dans le cadre du plan de développement 2009-2014 ne semblent pas avoir tempéré les ardeurs des candidats à l´émigration clandestine. Un pactole qui n´a pas été en mesure de favoriser la mise en oeuvre d´une politique efficace pour stopper l´hémorragie provoquée par le phénomène de la «Harga». La Grèce est devenue une escale incontournable pour les candidats à l´émigration clandestine. Certaines statistiques montrent qu´en 2009, 80% des entrées illégales se sont faites par le territoire grec pourtant ballotté par une crise redoutable et qui a mis en difficulté l´ensemble des pays européens. Des chiffres qui sont aujourd´hui revus à la baisse. La décrue se confirme. «Vous auriez dû venir les trois dernières années. A l´époque, les gens arrivaient par centaines. Un jour, j´ai vu débarquer en plein milieu du port un bateau pneumatique rempli d´immigrés. Mais cette année, c´est très calme», a déclaré Antonios Sofiadelis, lieutenant des gardes-côtes, qui confirme cette décrue sur le site d´ «euros du village». Fuir leur propre pays qui dispose d´une manne financière colossale mais n´offre aucune perspective d´avenir vers un pays étranger qui croule sous le poids d´une dette qui risque de l´emporter, n´effraie pas les jeunes Algériens qui n´ignorent pas que leur aventure peut virer du jour au lendemain au cauchemar. La machine s´est mise en place pour briser, mettre inévitablement fin à leurs rêves. «Entre dix à vingt Algériens, en situation irrégulière en Grèce, sont rapatriés chaque semaine vers l´Algérie», avait révélé au mois de septembre dernier l´ambassadeur de Grèce à Alger, Vassilios Moutsoglou, qui s´était exprimé à ce sujet en marge de l´Université d´automne de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (Ccfc). Certains témoignages montrent que leur détermination est inébranlable malgré ce type de risque et la situation de faillite qui expose les Grecs à des lendemains incertains. «Malheureusement, il semble que les citoyens grecs vont être sous la menace de mesures d´austérité accrues tels que la réduction des dépenses publiques et une augmentation des impôts...», estime Manoj Ladwa de ETX Capital qui s´attend à ce que la population grecque soit rudement malmenée par le sévère plan d´austérité qui lui sera imposé par les institutions financières internationales (FMI...). Cela n´effraie pas pour autant Saïd dont une précédente tentative a fait chou blanc et qui est disposé à mettre le prix pour retenter l´aventure. «On prend l´avion pour la Turquie, ensuite le train pour Izmir. Pour rejoindre la Grèce, il faut débourser 500 euros. La traversée pour atteindre l´Italie, avec l´aide de passeurs, revient à quelque 1000 euros environ.» Crise grecque ou mal-vie en Algérie, les candidats à l´émigration clandestine ont choisi.