La décision de l'Union européenne et du Fonds monétaire international d'octroyer, après 3 mois de tergiversations, un prêt de 110 milliards d'euros étalé sur 3 ans, pour sauver la Grèce d'une banqueroute certaine, pourrait s'avérer comme un coup d'épée dans l'eau. Le Portugal, l'Espagne, l'Irlande, l'Italie, la Belgique et la France, qui sont englués dans leurs déficits publics, ne sont pas à l'abri d'une tourmente financière. En contrepartie de ce plan de sauvetage dont l'accord de principe sur son versement a été conclu dimanche soir à Bruxelles lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, Athènes s'engage à réaliser à une cure d'austérité que ressentira fortement la population. Sur les 110 milliards d'euros qui seront prêtés pour un taux d'intérêt fixe de 5%, 80 milliards seront à la charge des Etats, le reste sera apporté par le FMI. La Grèce qui est confrontée à une dette colossale de plus de 300 milliards d'euros et qui est incapable d'emprunter sur les marchés financiers qui exigent d'elle des taux d'intérêts trop élevés, percevra 45 milliards d'euros de prêts cette année. Selon les analystes, les contagions pourraient être accélérées par les prochains « ajustements budgétaires » et autres réformes drastiques qu'exigeront les prêteurs. Les présidents et chefs d'Etat de la zone euro dont certains vont aller emprunter sur les marchés internationaux les euros qu'ils vont prêter à la Grèce qui ne pourra pas les rembourser, se retrouveront vendredi à Bruxelles pour « tirer les premières leçons » de cette crise qui risque de s'étendre et donner leur aval au déblocage effectif de ce plan de sauvetage « sans précédent au niveau mondial ». Il dépasse largement l'assistance apportée au Mexique au début des années 1980, à l'Argentine, en 2001, ou à l'Ukraine, en 2008. L'Allemagne qui était réticente au début à cause de son opinion publique qui refuse de « payer » pour la Grèce, a adopté hier le projet de loi permettant le déblocage des fonds destinés à Athènes (8,4 milliards d'euros cette année, et en 2011 et 2012, 14 milliards d'euros supplémentaires). La raison de cet effort exceptionnel ? La Grèce est comparée à Lehman Brothers, la banque américaine à l'origine de la crise financière mondiale. « Si elle chute, elle ébranlera énormément l'économie européenne », prévient le ministre finlandais des Finances Jyrki Katainen. La zone euro est-elle menacée d'éclatement ?