Israël, les Etats-Unis et l'ONU perçoivent cette initiative comme étant une «provocation» contre l'Etat hébreu. Une nouvelle flottille est sur le point d´appareiller pour Ghaza. Une dizaine de bateaux doivent partir de Grèce la semaine prochaine dans le cadre d´une «flottille de la liberté» pacifique pour transporter de l´aide humanitaire à Ghaza en forçant le blocus israélien, en place depuis cinq ans, ont indiqué les organisateurs grecs à Athènes. En réponse à cette initiative, Israël qui a invoqué «le droit à l´autodéfense», a fait part de sa détermination à intercepter ces bateaux. La flottille «entre clairement dans le cadre d´une démarche politique», a déclaré jeudi l´ambassadeur d´Israël à l´ONU Ron Prosor aux journalistes, en marge d´une réunion du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient. «(...) Elle ne présente rien de constructif (...) et relève de la provocation et n´a rien à voir avec une aide humanitaire», a-t-il insisté. Lynn Pascoe, secrétaire général adjoint de l´ONU chargé des affaires politiques, a rappelé de son côté devant le Conseil de sécurité que l´ONU était opposée à toute flottille tentant de forcer le blocus israélien de Ghaza. «Je souhaite réitérer aujourd´hui la position forte des Nations unies qui est que l´assistance à la population de Ghaza doit être livrée par les canaux officiels», a-t-il dit. «Le secrétaire général, Ban Ki-moon, a demandé et écrit une lettre aux gouvernements concernés pour qu´ils usent de leur influence pour décourager les flottilles, qui représentent un potentiel d´escalade dangereuse», a-t-il ajouté. A leur tour, les Etats-Unis ont mis en garde leurs ressortissants contre toute velléité de participer à cette flottille. La secrétaire d´Etat Hillary Clinton a affirmé cette position américaine, en exprimant, jeudi, son opposition au projet d´un groupe de militants pro-Palestiniens d´embarquer à bord de plusieurs bateaux à destination de Ghaza dans le but de briser le blocus israélien sur ce territoire palestinien. «Nous ne pensons pas que cette flottille soit un moyen nécessaire ou utile de porter secours au peuple de Ghaza», a déclaré à des journalistes la chef de la diplomatie américaine. «Cette semaine encore, le gouvernement israélien a pris des engagements significatifs pour les logements dans la bande de Ghaza; des matériaux de construction vont pouvoir entrer dans Ghaza», a rappelé Mme Clinton. Ces positions de soutien sans nuance à l´Etat hébreu, vont à l´encontre du droit international humanitaire, et aux résolutions du Conseil de sécurité de l´ONU, dont la résolution 1860 appelait en janvier 2009 «au libre approvisionnement et à la libre distribution à travers Ghaza de l´aide humanitaire, y compris de la nourriture, du carburant et des médicaments». Depuis juin 2007, après la prise du pouvoir par le Hamas, les autorités israéliennes ont renforcé le siège de Ghaza de manière drastique. Le territoire est bouclé, les postes frontières fermés, rien ne passe, à l´exception, sous conditions, des biens humanitaires les plus basiques. Les raisons sécuritaires invoquées par Israël ne résistent cependant pas à l´épreuve des faits. Le siège témoigne d´un véritable acharnement contre la population de Ghaza. Peut-ont réellement justifier de telles restrictions par des considérations sécuritaires? Selon les organisateurs, la flottille internationale sera composée de 15 navires venant du Canada, d´Espagne, des Etats-Unis, de France, de Grèce, d´Irlande, d´Italie et de Turquie qui se retrouveront dans les eaux internationales au sud de Chypre. Le 31mai 2010, un raid militaire israélien dans les eaux internationales contre le Mavi Marmara de l´organisation humanitaire turque IHH, navire amiral d´une première flottille humanitaire avait causé la mort de neuf ressortissants turcs. Eu égard à la manière avec laquelle la «communauté internationale» prend en charge cette affaire, il est fort à craindre que le scénario du 31 mai 2010 se reproduise à nouveau dans les prochains jours.