Attendons le mois de Ramadhan pour voir... De promesses en échecs, le marché a fini par être livré par Benbada à toutes sortes de pratiques parasitaires. Comme attendu, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a réitéré sa promesse préférée: les produits de large consommation seront disponibles durant le mois de Ramadhan prochain et le marché sera bien approvisionné. La majorité des 36 millions d´Algériens n´a certes jamais crié famine, mais elle s´est toujours posé la question de savoir à quel prix seront proposés ces denrées? Le ministre serait-il dans la capacité de faire en sorte que le kilogramme de citron ne soit pas cédé à 300 dinars et la courgette à 100 dinars lorsque d´autres produits risquent tout simplement de disparaître des étals? En réalité, le ministre issu du MSP n´a pas réussi à réguler le marché. Il a beau décréter, pour sa défense, que l´Etat n´a pas d´emprise sur un marché libre, il n´empêche que la sécurité alimentaire a tous les attributs nécessaires pour s´affirmer en tant qu´affaire d´Etat. Depuis six mois après les émeutes de janvier qui ont menacé la stabilité de l´Etat, on assiste à des tâtonnements voire à des atermoiements du ministre lorsque ce ne sont pas des concessions qui sont offertes aux barons, ceux-là mêmes qui ont une responsabilité certaine dans ces mêmes événements. S´il compte remettre de l´ordre dans la jungle du commerce à coups d´assises et d´annonces à la presse, le ministre se trompe, à moins que toutes ces démonstrations ne soient que des alibis pour prolonger son séjour au gouvernement. Pour l´instant, il nourrit l´opinion de déclarations et il ne s´en prive pas. Et à profusion. La dernière en date tend à faire croire qu´il suffit que l´approvisionnement en viande, sucre, huile, lait et légumes soit déclaré suffisant pour se départir de toute responsabilité de ce qui pourrait en advenir après coup. Or, il n´y a aucun moyen fiable d´assurer et de mesurer l´efficacité d´un tel plan. D´année en année, l´Etat n´a fait que se désengager progressivement de la sphère commerciale laissant le champ libre aux barons, aux spéculateurs et aux pratiques informelles. Le tout contribue à mettre à mal la bourse du citoyen et écorner la crédibilité de l´Etat. Ce dernier n´a plus d´emprise sur le circuit du commerce. Quelle est la parade du ministre? «Nous avons demandé aux principaux importateurs des produits tels que les sucres et les huiles brutes, ceux du lait et des légumes secs, de nous transmettre leurs programmes d´approvisionnement du marché. Ces derniers sont bons et permettront d´approvisionner le marché en produits alimentaires», a souligné hier Benbada. Quant à prendre connaissance de la qualité des produits importés, des prix d´achat, le citoyen est dans l´ignorance totale de ce qui se trame payant ainsi, seul, la facture des incompétences de diverses parties. Pour faire bonne figure et donner l´impression que le citoyen est au coeur de ses préoccupations, il se base, encore une fois, sur le contrôle des pratiques commerciales qui a montré ses limites à plusieurs reprises. Pour 1,2 million de commerçants figurant au registre du commerce, il affirme que le plan quinquennal 2010-2014 prévoit le recrutement de 7000 agents supplémentaires. 1000 d´entre eux ont été déjà recrutés l´année dernière. 5000 autres le seront entre 2011 et 2012 alors que 1000 agents le seront en 2013. Si tous les espoirs de Benbada sont fondés sur «le renforcement du nombre des contrôleurs pour améliorer l´efficacité du contrôle économique et de la répression des fraudes» c´est qu´il a de fortes probabilités qu´il perde son pari. Comment peut-il encore avoir bonne figue devant cet énième camouflet annoncé? D´autres ont déjà été vécus. Quels sont les progrès enregistrés dans la tentative de réactiver le Conseil de la concurrence telle qu´annoncé par ses soins? Dans le même ordre d´idées, pourquoi le commerce informel revient-il en force sur nos trottoirs? Qu´est-ce qui fait que toutes les politiques instaurées pour encourager les exportations hors hydrocarbures ont échoué? Comment se fait-il que les barons du sucre et de l´huile continuent-ils à avoir la bride lâchée? Pourtant, des lois ont bel et bien été amendées sans que rien de nouveau ne soit constaté sur le terrain.