En maintenant le cap, le Chef du gouvernement ne nous mène-t-il pas vers des licenciements qu'il semble si bien maîtriser ? A voir la léthargie qui caractérise le front économique dans son volet relatif au «marché des capitaux», depuis quelques mois, alors qu'il était «particulièrement» animé et chaud, du temps où M.Temmar était ministre de la Participation et de la Promotion des investissements (Mppi), l'on est tenté de croire que ce même front est devenu - contexte politique oblige - loin d'être l'une des «priorités immédiates» du gouvernement Ouyahia. Le stand-by va-t-il perdurer encore longtemps? Vraisemblablement oui, dans la mesure où ce même gouvernement, a d'abord «fait une pause» (tactique?) avec le partenaire social, en l'occurrence l'Ugta, avant d'être pris de court par le séisme du 21 mai dernier, dont la gestion des conséquences reste loin d'être une mince affaire. Mais au-delà de cette trêve, à la fois voulue et subie, en quoi la démarche de M.Ouyahia, à qui le Mppi, et donc la conduite des réformes, a été rattaché serait différente de celle de M.Temmar? D'abord, M.Temmar a tellement voulu être intensif et rapide que quasiment rien n'a eu lieu. Sa démarche pratique s'est caractérisée par une carence de consensus, social notamment, couronnée en plus, d'une analyse jugée «théorique» (dogmatique pour d'autres). Le Chef du gouvernement, M.Ouyahia, dès la présentation de son programme, s'est sensiblement distancié des «modalités» de M.Temmar. «Même si M.Temmar avait, certainement, de bonnes intentions, il reste que sa démarche ne serait pas la mienne...Privatiser, en une fois et en un temps très court, plus de 400 entreprises n'est pas à mon sens la meilleure des méthodes», a-t-il déclaré devant l'APN. Déchiffrer: l'ouverture de l'économie nationale n'est guère remise en question en tant que finalité du processus de réformes, en revanche les modalités pratiques si. En effet, pour la finalité, Ouyahia parle de «démarche progressive vers les choix incontournables...du partenariat et de l'ouverture du capital». Plus, pour les entreprises dites stratégiques (vocable qui, pour l'instant, ne touche aucune entité économique spécifique), celles-ci «ne seront pas l'objet d'une privatisation à moyen terme...» sauf que par «souci d'améliorer l'efficacité et la compétitivité de ces entreprises stratégiques (l'Etat) n'exclut pas l'apport de technologie, d'expertise ou même de capitaux». Autrement, une ouverture de capital est donc une forme de privatisation, à long terme. Pour le secteur de l'énergie et des mines, il semble que la démarche de M.Khelil n'est pas, pour autant, remise, elle aussi en cause, puisque pour M.Ouyahia «le gouvernement procédera au parachèvement? de l'ouverture de l'aval pétrolier». Concernant la démarche, celle-ci «sera menée dans la sérénité et dans le gradualisme que dictent et la réalité du marché et les préoccupations légitimes des travailleurs». Le bilan des réformes économiques étant jugé «insuffisant» et «inachevé» par Ouyahia, il serait donc, pour l'actuel Chef du gouvernement, indispensable «de faire mieux et de le faire ensemble». Si la finalité n'a point changé, pourquoi se donner tant de mal en rectifiant la démarche? Encore une fois, c'est Ouyahia qui nous en donne la réponse: «Notre peuple, nos travailleurs en particulier, constatera que le gouvernement n'entend pas approcher la privatisation comme une oeuvre solitaire ni encore moins comme un processus de bradage du capital public.» Déchiffrons encore une fois: garder le cap tout en s'assurant de faire bien avaler la pilule! A ce stade, il reste à s'interroger si le partenaire social, justement, va encore une fois «jouer le jeu». Dans ce cas, nous serons en plein «déjà-vu» puisque la fermeture des entreprises et le licenciement des travailleurs, sous le premier gouvernement Ouyahia, n'auraient été qu'un avant-goût.