La question des salaires ne sera pas abordée. Les deux partenaires se pencheront sur le code du travail. Le chef du gouvernement vient de poser les jalons d'une tripartite qui commençait à se confondre avec une Arlésienne. Ouyahia a invité quatre organisations patronales -du secteur privé- à une rencontre, le 19 avril prochain à 10 heures, a-t-on appris hier, de sources très au fait du dossier social. Cette rencontre informelle regroupera, au siège du gouvernement, selon ces sources, la Cgea, la Seve, la Cnpa et la CAP. Les deux partenaires aborderont, lors de ce rendez-vous, «l'état d'avancement des groupes de travail installés lors de la dernière tripartite et se pencheront particulièrement sur le code du travail», précisent les mêmes sources. Un soulagement pour le front social mis à rude épreuve en cette année 2006 pourtant faste. Prévue pour ce premier trimestre 2006, annoncée par la presse nationale pour ce mois d'avril puis par M.Malki, secrétaire national de l'Ugta, en septembre, la tripartite tarde à voir le jour. Mais cette rencontre est de nature à secouer «le cocotier». La volonté des patrons à rencontrer le chef du gouvernement ne date pas d'aujourd'hui. Déjà en mars dernier, L'Expression a rapporté que des chefs d'entreprise allaient formuler cette demande au chef de l'Exécutif sans attendre la date de la tripartite. «Nous avons pris l'initiative de nous adresser directement au chef du gouvernement car cette rencontre traîne en longueur», a déclaré un membre du patronat dans les colonnes de L ‘Expression. «A ce jour, rien n'a été décidé pour cette tripartite», s'est-il insurgé regrettant «qu'aucun contact n'a été pris pour ce rendez-vous», «c'est pour cette raison d'ailleurs, que nous avons décidé de secouer les choses pour les faire bouger», a-t-il ajouté. Lors de la dernière tripartite, trois groupes de travail ont été installés. Ils concernent l'article 87 bis, le pacte national économique et social et le code du travail. Pour le 87 bis, deux sous-groupes s'échinent déjà, depuis une année, sur la question. Le premier sous-groupe est consacré à la fonction publique et le second se rapporte au secteur économique. Pour le pacte social, c'est la centrale de Sid Saïd qui se revendique de la paternité du projet qu'elle aurait proposé en 1994. Le président de la République a relancé la question en 2005. Le pacte porte essentiellement sur la situation économique et sociale. Aussi bien l'Ugta que le gouvernement considèrent que ce pacte est le seul canal pouvant résoudre les conflits sociaux. Enfin, c'est le code du travail qui prendra la part du loin lors de la «bipartite» du 16 avril prochain. L'activité n'a pas été facile pour le groupe de travail installé l'an dernier. Il a eu pour première tâche de passer en revue toutes les lois relatives au travail depuis l'indépendance. L'objectif consiste à aboutir à un seul code du travail. Actuellement, les patrons estiment que ce code est «trop favorable» aux travailleurs. Ils revendiquent «plus de flexibilité au vu de la nouvelle conjoncture économique». Pour preuve, les patrons avancent souvent que ce code a été fait «à une période où l'économie nationale était dirigée par l'Etat». A ce niveau, c'est l'Ugta qui est interpellée dans son rôle de syndicat. Contacté par téléphone, le responsable de la communication de la centrale, Rachid Aït Ali, a affirmé, qu'aucun contact officiel n'a eu lieu entre l'Ugta et le gouvernement. «Nous nous attendons à ce qu'il y ait une relance des contacts et des activités maintenant que les événements se sont tassés», a indiqué le responsable de la communication au niveau de l'Ugta. «Il s'agit d'un problème de disponibilité des partenaires et de leur agenda», souligne-t-il. Toutefois, M.Aït Ali a souligné que des rencontres informelles entre les différents partenaires n'ont jamais été rompues. La rencontre du chef du gouvernement avec les patrons du secteur privé sera en quelque sorte un point de départ pour surmonter la perplexité d'une rencontre capitale. Une rencontre à laquelle le président de la République a donné un cachet officiel. Pour trancher l'épineuse question des salaires, le chef de l'Etat s'en est remis à l'appréciation de la tripartite, lors de son discours prononcé à l'occasion du 50e anniversaire de l'Ugta.