Celui qui n'a pas vu le Méchouar, n'a rien vu de Tlemcen Pays du million et demi de martyrs, l'Algérie est aussi celui du million et demi de merveilles. «A la recherche du temps perdu», tel est l'objectif assigné au secteur du tourisme algérien. Les dommages collatéraux des révolutions arabes ont fait que les touristes désertent ces pays. Ce qui représente une occasion en or pour le pays de promouvoir la destination Algérie et cela que ce soit pour le tourisme national ou international. Ce contretemps a ainsi fait prendre conscience aux décideurs de l'importance du tourisme, comme l'a expliqué Smaïl Mimoune, ministre du Tourisme et de l'Artisanat: «En Algérie, le tourisme doit être promu au rang des secteurs créateurs de richesses.» Cette prise de conscience s'est traduite par le décret décidant l'organisation d'une Journée nationale du tourisme, fixée au 25 juin. A l'occasion de la 1re célébration de cette journée, l'Office national du tourisme (ONT) et la tutelle, ont organisé deux «éductours» (tous éducatifs) en faveur des journalistes de la presse nationale. Ces deux caravanes de journalistes qui ont pris deux directions opposées, Ouest et Est, ont été l'opportunité pour la presse et les médias de découvrir la beauté de l'Algérie...Mais surtout d'établir les états généraux du secteur et cela afin d'amorcer la véritable relance de la «destination Algérie». Votre fidèle serviteur a, lui, été convié à cette «aventure» avec comme destination, l'ouest du pays avec départ à partir de la Perle du Maghreb, Tlemcen, ensuite Aïn Témouchent et Oran. Tlemcen, El Ghalia La première étape de «l'eductour», a été un véritable bouillon de culture et d'histoire. Tlemcen, la capitale des Zianides, et capitale de la culture islamique 2011, recèle un patrimoine naturel et historique des plus excitants. Les grottes de Beni Aad, sont l'exemple le plus concret des merveilles naturelles dont dispose la wilaya. Les journalistes émerveillés par la beauté des motifs formés par les stalactites et stalagmites, ne se sont pas fait prier pour immortaliser ces moments qui les marqueront à jamais. Emerveillés comme des enfants, ils se sont aisément prêtés au jeu de l'imagination de ce que le rassemblement de ces stalactites et stalagmites peuvent représenter. Un visage, un corps, un animal, les propositions fusaient de part et d'autre, il y en a même qui ont cru voir le visage de leur directeur...Ce qui eut le don de détendre l'atmosphère et créer une ambiance unique dans son genre. La beauté des grottes de Beni Aad est telle, qu'elle sont classées 2e au monde après celles du Mexique. Il est prévu qu'elles soient protégées en étant classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Le plateau de Lalla Setti, est également un autre endroit qui a laissé sans voix les présents. Un site féerique! Des réalisations magnifiques! Le plateau de Lalla Setti est l'endroit de promenade par excellence pour les familles tlemcéniennes. L'éclat des lieux n'a d'égal que le sentiment de sécurité qu'éprouve le visiteur! En plus d'être «gâtée par la nature», Tlemcen est une ville qui remonte aux racines mêmes de l'histoire de l'Algérie. Accompagnés par des guides qui maîtrisent admirablement bien leur sujet, les journalistes ont également voyagé dans le temps avec toutes les histoires et les secrets de la ville qui garde un aspect architectural sont marqués du label des Zianides, des Mourafidounes (Almoravides) et des Idrissides. Le palais d'El Mechouar est un grand monument incontournable, celui qui n'a pas vu le Méchouar, n'a rien vu de Tlemcen. Le Méchouar, signifie littéralement «le lieu de Mouchawara» - soit le «Conseil consultatif» - est une merveille architecturale qui a été récemment restaurée. Son architecture à elle seule témoigne du passé historique de la ville. Sidi Boumediene n'a rien à envier à Sidi Bou Saïd... L'autre monument historique, que les journalistes ont eu l'opportunité d'admirer et sans nul doute l'endroit le plus connu de Tlemcen, n'est autre que le mausolée de Sidi Boumediene. Depuis huit cents ans, ce tombeau est vénéré par les musulmans de toute l'Afrique du Nord. Les ruelles de Sidi Boumediene, ressemblent étrangement à celles de Sidi Bou Saïd (la ville touristique tunisienne) avec ses belles maisons mauresques blanches. Sauf que les Tunisiens, contrairement aux Algériens, ont su utiliser leur «Sidi» pour attirer les touristes du monde entier... Surplombant la ville de Tlemcen, Sidi Boumediene comporte de grands monuments entre autres la kouba de Sidi Boumediene, sa mosquée, sa médrasa, ainsi que sa médina. La qouba de Sidi Boumediene abrite le saint patron de Tlemcen qui fut un grand savant au XIIe siècle. Son mausolée reste l'un des monuments les plus visités de Tlemcen. La mosquée et la médrassa de Sidi Boumediene sont de purs joyaux inspirés du style andalou de Grenade. Le minaret est orné de briques et de céramiques polychromes. Seule fausse note dans la ville des Zianides, est le manque d'infrastructure hôtelière puisque la wilaya ne compte que 840 lits dans des hôtels classés. Cependant, ce chiffre qui a été quadruplé en un an (il n'y avait que 200 lits l'année dernière), ne prend pas en compte les 2522 lits d'hôtels non classés. De ce fait, des efforts sont consentis par les responsables locaux pour augmenter cette capacité avec 18 projets d'hôtels d'une capacité de 1775 lits actuellement en cours de réalisation. Parmi eux, l'hôtel Renaissance Tlemcen du groupe français Marriott. «Renaissance» semble sonner la renaissance de l'hôtellerie algérienne. Ce splendide 5 étoiles qui est un mélange entre le style local et la griffe Marriott, est d'après son directeur, André Saadé, le seul hôtel arabo-mauresque en Algérie ou à l'étranger. De la déco au plafond, chaque pièce diffère de l'autre. Le «Renaissance» qui devrait ouvrir au courant du mois de juillet, affiche des prix des chambres aux alentours de 12.000 DA, ce qui est très raisonnable pour ce genre d'établissement de luxe. Le Renaissance-Marriott qui ne compte dans son effectif que quatre étrangers ne peut faire que du bien pour le tourisme de la région, comme booster son économie. Aïn Témouchent, ville aux plages enchanteresses La deuxième étape de la tournée s'est poursuivie au Royaume de Syphax, Aïn Témouchent. Les journalistes ont eu droit une peu commode, mais très originale balade en chalutier. Ils ont ainsi pu contempler au large, la splendeur des côtes témouchentoises. Et par la même, admirer l'île de Rachgoun et ses vestiges. Dans cette ville tout aussi historique que Tlemcen, ce qui marque le plus, est la beauté des plages. Madrid, Beni Saf, Bouzedjer, Sassel...sont en effet des criques féeriques, avec une mer azurée, du sable fin allié à de vastes plaines verdoyantes. Ce qui fait que Aïn Témouchent a tout pour inspirer les poètes et faire rêver ses visiteurs... Malheureusement, elle n'est pas la destination touristique par excellence que laisse imaginer sa côte. Pour quelle raison? Mohamed, un commerçant de Aïn Témouchent croit avoir la réponse: «Manque d'infrastructure, prix excessifs», résume-t-il. C'est donc le même constat qu'à Tlemcen: magnifique panorama, sublime paysage, multitude de sites historiques qui font rêver. Mais parallèlement pas d'infrastructures qui ordonnent, la formule tant convoitée, qualité-prix. Qu'en est-il de la 3e ville au programme, à savoir Oran? Wahran El Bahia A Oran, la ville qui ne dort pas, tout est parfait. Wahran est vraiment «Bahia» (belle) de jour comme de nuit. En plus, les hôtels sont nombreux. Il y en a pour tous les goûts, toutes le bourses. Même un centre de thalassothérapie a été inauguré samedi par le ministre du Tourisme, Smaïl Mimoune. Un centre qui, faut-il le signaler, est le deuxième dans le pays après celui de Sidi Fredj. Parce qu'il faut comprendre que les centres qui ont abondé à travers le pays activent dans la balnéothérapie (eau douce) et non dans la thalasso (eau de mer). Il y a également le mythique complexe des Andalouses qui a été récemment rénové. Ce qui fait de lui un établissement qui répond tout à fait aux normes internationales. Les chambres ne sont pas luxueuses, mais restent plus que correctes. Toutefois, il manque quelques petits détails comme l'absence de climatisation dans les chambres. Mais les investisseurs du groupe Mehri, sont en train de donner une autre dimension aux infrastructures hôtelières de la ville, ce qui est en mesure de créer une certaine concurrence à même de booster le marché tout en contribuant à améliorer la qualité des prestations et services et en baisant les prix. L'hôtel Ibis d'Oran, qui a été inauguré par le ministre lors de la Journée nationale du tourisme, est un exemple parfait des investissements réalisés par le groupe Mehri. Mais, quand on visite l'hôtel Royal, du même groupe, l'Ibis qui nous avait impressionné un peu plus tôt, perd quelque peu de son aura. Car, sans avoir peur du ridicule, on peut avancer que le Royal est bien le plus bel hôtel du pays. Avec un service impeccable, des couloirs aménagés en galerie d'art avec les tableaux originaux des plus grands artistes peintres du pays, les moin-dres détails sont étudiés, les produits cosmétiques offerts par l'hôtel sont griffés Hermès. Rien que cela! Le Royal Hôtel peut être considéré comme un mini Ritz, ce qui nous redonne foi quant au développement du tourisme algérien. Les journalistes ont également été confondus par le panorama que propose la fameuse colline de Santa Cruz surplombant la ville d'Oran. Cet «éductour» qui a été admirablement encadré par l'ONT, a permis à beaucoup de découvrir la beauté sauvage de leur pays. Mais comme l'a expliqué M.Mimoune, cette beauté reste sauvage. «L'Algérie a des potentialités brutes qu'il faut développer et accompagner d'infrastructures.» 2011, serait-ce l'année de la relance touristique en Algérie? En tout cas cet «eductour» nous laisse très confiants et comme diraient les Tunisiens «Salmouna Aala Dzair»