Ould Abbès et Harraoubia, qui sont depuis le début de l'année sur le banc des accusés, se sont réunis pour trouver une sortie de crise. La santé algérienne est agonisante depuis bien longtemps. Cette agonie s'est traduite sur le terrain par plusieurs grèves qui ont été enclenchées par les praticiens de la santé afin de tirer la sonnette d'alarme. La plus remarquée de ces grèves n'est autre que celle des résidents qui sont en «arrêt» depuis plus de quatre mois. Ayant essayé tous les moyens matériels et humains pour mettre fin à cette crise, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, a alors décidé d'organiser la première Conférence, nationale pour le développement des services hospitalo-universitaires. Cette conférence, qui a été placée sous le haut patronage du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a débuté hier au Palais des nations à Alger. Elle a vu la participation de près de 600 responsables des services de formation et de soins hospitalo-universitaires. Ainsi, ce rendez-vous s'inscrit dans la continuité des rencontres sectorielles précédemment organisées. Il vise à «assurer l'adéquation de la formation aux besoins, normaliser les terrains de formation et de soins, et développer la recherche dans les services et établissements hospitalo-universitaires», assurent les organisateurs. Cette rencontre a aussi été l'occasion pour Ould Abbès d'établir les états généraux de son secteur. «La rencontre d'aujourd'hui et le grand nombre de professeurs présents dans cette salle pourrait nous faire oublier d'où nous sommes partis, il y a 50 ans», a déclaré Ould Abbès, lors de son discours d'ouverture. Avec cette déclaration, le ministre a voulu mettre en exergue les avancées réalisées en matière de santé depuis l'Indépendance. «En 1962, l'Algérie ne possédait que la faculté des sciences médicales d'Alger. Maintenant, on a 11 facultés de médecine, pharmacie et chirurgie dentaire. Ainsi que 15 établissements hospitalo-universitaires et 32 établissements de santé publique avec services hospitalo-universitaires», ajoute fièrement le ministre de la Santé. Cependant, il avoue que quelques» fêlures», qu'il qualifie comme évolution normale des choses sont apparues. Ces «fêlures», comme aime les appeler Ould Abbès, ont toujours, d'après lui, «cause un certain déséquilibre qui est dû essentiellement au flux de formation, mais aussi à la normalisation des services de santé et aux profils et filières de formation». Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M.Rachid Harraoubia a pour sa part, souligné la détermination de son département à collaborer avec la famille scientifique en vue de développer des programmes de haut niveau adaptés à la réalité du pays. Concernant la formation dispensée en graduation et en post-graduation, le ministre a souligné «un déficit» dans ce domaine imputant cela à un encadrement dépassé! Il a de ce fait, appelé les enseignants à soumettre leurs propositions en vue d'améliorer la formation et dispenser des services de qualité. Il a par ailleurs, appelé, par la même, à revoir la nature des spécialités disponibles actuellement et à créer d'autres spécialités adaptées aux besoins de la société. Lors de cette intervention, il a présenté une enquête qu'il a effectuée au niveau de tous les hôpitaux et les centres de santé du pays qui ont dans leurs rangs des médecins spécialistes. Elle a eu pour but de faire un état des lieux, global par wilaya, pour calculer le déficit en matière de spécialistes. «Le ministère de la Santé a beaucoup investi dans l'aspect matériel, mais le véritable problème réside dans le manque de moyens humains», dit le Dr Mekaoui, qui a été chargé de présenter les résultats. «Dans les spécialités où le privé n'attire pas, on a constaté que le nombre de médecins spécialistes en service civil était faible», se désole-t-il. Les résultats de cette enquête démontrent principalement l'importance du service civil dans la bonne marche du système de santé. «1/3 de nos spécialistes sont en service civil», rapporte-t-il. Selon, le Dr Mekaoui, cette situation fragilise la pérennité du système de santé algérien. Il faut signaler que la conférence se poursuivra aujourd'hui et que cinq ateliers thématiques ont été retenus pour le déroulement des travaux. Ce qui permettra de tracer les grands axes de débat considérés comme «stratégiques». Ces ateliers ont pour but de faire des propositions sur les modalités de formation. «On essayera de trouver comment modifier la formation des étudiants en postgraduation», nous a confie un médecin qui va participer à ces ateliers et qui a souhaité garder l'anonymat. «Ces ateliers vont dans le sens des demandes de réformes exprimées par les acteurs de la santé, en particulier les résidents», rapporte-t-il. Ould Abbès et Harraoubia ont voulu utiliser cette rencontre pour discréditer les résidents et mettre fin à leur mouvement qui a trop duré. Vont-ils réussir? Seule, la réponse des résidents nous le dira....