Le ton est monté de plusieurs degrés, hier, entre le ministre de la Santé et les médecins grévistes. Aux accusations de manipulation politique lancées par Ould Abbès, les praticiens notamment défient ce dernier de donner des preuves de ses affirmations. Les dernières déclarations du ministre de la Santé quant aux grèves qui gangrène son secteur ces deniers mois n'ont pas manqué de susciter l'indignation des fonctionnaires du secteur. Dans une déclaration faite ce matin à Infosoir, le Dr Merabet, président du syndicat national des praticiens cde la santé publique (Snpsp), estime que Ould Abbès, à la tête du secteur depuis maintenant une année, fait dans la manipulation en recourant à des chiffres «erronés», voire sans «aucun fondement officiel». M. Merabet s'est notamment focalisé sur le passage télévisé du ministre de la santé, hier. Le ministre s'est, selon lui, exprimé devant le peuple algérien de manière à discréditer les praticiens de la santé en annonçant des chiffres relatifs à l'augmentation des salaires. «C'est irresponsable et indigne» a-t-il dit concernant les déclarations du ministre. Mais selon notre interlocuteur, ces chiffres ne sont confirmés par aucun document ou alors s'il y en a un, le ministre de la santé refuse de le communiquer aux partenaires sociaux. «Le ministre a même avancé le salaire que perçoit le médecin du 3e grade, soit le praticien en chef alors que ce grade n'existe pas et il n'existera pas avant 2013. Nous n'avons pour l'instant que le grade de généraliste et de praticien principal, même les modalités de concours pour admission de praticien en chef ne sont pas encore définies. De plus le praticien en chef qui sera retenu en 2013 ne percevra pas de rappel», a déclaré notre interlocuteur. Le Dr Merabet a ainsi affirmé que «le ministre de la santé refuse de donner les éléments sur lesquels il s'est basé pour sortir avec ces chiffres et les textes officiellement accordés dans ce cadre». «Pourquoi le ministre fait-il dans l'ambivalence ?», s'est-il demandé. Concernant une éventuelle manipulation politique nationale ou étrangère dont ferait objet le syndicat, le Dr Merabet répond que jamais son syndicat n'a réclamé autre chose que la revalorisation de la situation socioprofessionnelle des médecins. Il ajoute dans ce sens «hier seulement notre syndicat a fêté ses vingt ans d'existence. Je crois que cette durée est suffisante pour prouver cela s'il y a vraiment manipulation». Le syndicaliste va encore plus loin en défiant le ministre de la santé de démontrer la véracité de ses accusations. «Si le ministre a des preuves sur nos intentions qu'il ne s'arrête pas là, qu'il aille devant la justice », a-t-il déclaré. En ce qui concerne la grève illimitée entamée aujourd'hui par l'intersyndicale des praticiens de la santé publique, Dr Merabet a affirmé qu'elle est en bon cours en dépit des tentatives de manipulation. « Nous assumons les retenues sur salaires et aussi le service minimum bien que le ministère s'en fiche pas mal », a-t-il conclu. Ould Abbès : «La récréation est terminée» Colère n Le ministre de la Santé et de la Population a estimé hier que la grève des médecins généralistes et des spécialistes est «préméditée» et qu'elle est illégale du point de vue de la loi. La loi donc sera appliquée dans toute sa rigueur. «C'est une grève qui n'a pas lieu d'être. C'est pour cela que la justice a tranché et décidé que c'est une grève illégale et injustifiée», a-t-il signalé à la presse en marge d'une rencontre pour la présentation du nouveau guide de dépistage des violences à l'égard des femmes, organisé hier par le réseau Wassila au niveau de l'Insp. Le ministre a donné plus de détails sur l'amélioration du «salaire de la dignité» tant attendue par ses confrères. «Grâce à plus de 122 rencontres avec tous les partenaires sociaux, on est arrivés à l'adoption de tous les statuts particuliers. Pour les généralistes, les spécialistes et les paramédicaux, les anciens salaires chez nous représentaient la moitié de ceux appliqués dans les pays voisins : le Maroc et la Tunisie. Mais avec ce nouveau salaire, nous dépassons de loin ces deux pays. Aucun pays dans le monde n'a donné ce type d'augmentation qui toucheront également les paramédicaux, les psychologues, les sage-femmes, les biologistes, les professeures… Soit toutes les spécialités.» Il a rejeté cette grève décidée aujourd'hui s'interrogeant sur les véritables motifs de ce mouvement invalidant les hôpitaux et pénalisant les malades, notamment les malades dans un état grave ou chronique. «Ils ont attendu que le régime indemnitaire soit publié et que le décret soit signé par le 1er ministre pour déclencher la grève ?! Celui qui veut faire de la politique, qu'il la fasse hors du secteur de la santé.» Il a révélé que c'était le Syndicat des grévistes qui refusait le dialogue : «J'ai reçu le président du Syndicat avec 3 dirigeants un mardi, 2 jours avant le sit-in. Il s'était engagé à venir le lendemain mercredi pour rédiger un document ensemble à envoyer à la Fonction publique. Mais il n'est pas venu. Ce sont donc eux qui ont rompu le dialogue», a-t-il précisé mais tout en saluant tous les médecins spécialistes, généralistes et les paramédicaux, qui font leur travail correctement, leur assurant qu'il est en possession «d'un lourd dossier sur certains praticiens. Certains ont des intérêts particuliers». Les grévistes seront poursuivis en justice et auront des retenues sur salaires à partir de demain. «La récréation est terminée», a-t-il fermement alerté. En outre, les résidents avec lesquels le ministre se réunit aujourd'hui au sujet du statut particulier ont, selon lui, des revendications légitimes dont certaines ont eu des réponses «les présalaires des résidents représentent 80% du salaire du spécialiste». Il a exigé que la grève soit levée, «les revendications sont écoutées à condition qu'ils lèvent la grève», selon Ould Abbès rassurant que le ministre de l'Enseignement supérieur a répondu à toutes les demandes pédagogiques.