Une nouvelle stratégie de lutte antiterroriste à l'ombre des prochaines élections présidentielles. John Brennan, conseiller de l'antiterrorisme à la Maison-Blanche, s'exprimant dans un discours à l'Université Johns Hopkins à Washington, dévoile la nouvelle formule de la stratégie de lutte contre le terrorisme, laquelle est pratiquement identique dans le fond à celle déployée depuis que Barack Obama occupe la Maison-Blanche. Ceci dit, cette nouvelle stratégie prend en compte le contexte d'après-Oussama Ben Laden neutralisé au début du mois de mai dernier et les crises conflictuelles au Moyen-Orient, mais aussi au Maroc et en Libye. Dans son intervention, John Brennan exprime les craintes de la Maison-Blanche à l'ombre du vide politique provoqué par les crises, dans le Monde arabe, qui peut être exploité au profit d'Al Qaîda. Dans son discours, le conférencier élude la question relative à une complicité indirecte de la Maison-Blanche dans le pourrissement des conflits, notamment en Libye qui fait face à une rébellion non encore identifiée, soutenue par l'Occident et aux bombardements à outrance de l'Otan encouragés par les USA. Néanmoins, le conseiller de l'antiterrorisme à la Maison-Blanche évoque différentes approches devant être adoptées par les Etats-Unis pour limiter l'activité terroriste. Il s'agit d'approches défensives, offensive ou diplomatique, l'essentiel est de concentrer les efforts sur la lutte contre la nébuleuse tout en affirmant que les interventions militaires contre cette organisation transnationale allaient se poursuivre au Pakistan. L'initiative souhaitée par l'administration de Barack Obama est de renforcer sa coopération dans le cadre de la lutte antiterroriste avec les Etats qui luttent contre le terrorisme, dans le nord de l'Afrique en particulier. D'autant plus que les menaces d'Aqmi ne cessent de s'accroître. Rappelons que les ministres de l'Intérieur européens du G6 et leur homologue américain ont estimé jeudi à Madrid qu'il était urgent de tenter de freiner l'expansion d'Al Qaîda au Maghreb islamique et son armement via la Libye, a déclaré le ministre espagnol de l'Intérieur. «La crise en Libye a une influence sur Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi)», a assuré Alfredo Perez Rubalcaba, se disant particulièrement «préoccupé» par «l'apparition d'armes de l'armée libyenne entre les mains des terroristes». «Si on ne fait rien, Aqmi peut en profiter pour s'étendre et par conséquent les risques pour l'Europe et les Etats-Unis peuvent s'accroître», a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion des membres du G6 avec la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano. John Brennan ne manquera pas, à ce propos, de souligner que la nébuleuse se fait sentir surtout au niveau de la bande du Sahel. Même si l'intérêt exprimé par Washington quant à cette zone sensible ne date pas d'hier, il est devenu plus important aujourd'hui, et par lequel les USA aspirent à encourager un partenariat régional entre l'Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger. Il n'en demeure pas moins que ce discours intervient au moment où la stratégie de lutte commune de ces mêmes pays contre le terrorisme qui a été planifiée et mise en oeuvre commence à donner des résultats très positifs. Tout comme le secrétaire adjoint aux Affaires politiques de l'ONU, Lynn Pascoe, qui avait exprimé sa préoccupation quant à la circulation des armes au Sahel, devant le Conseil de sécurité lundi dernier, au lendemain de l'assaut donné par l'armée mauritanienne contre un campement d'Al Qaîda, qui s'est soldée par la neutralisation de 15 terroristes, le conseiller américain de l'antiterrorisme revient lui aussi sur la question de cette bande sahélienne. Les questions de l'heure sont: pourquoi on s'intéresse davantage au Sahel, au moment où l'alliance de coopération des quatre pays du Sahel contre la nébuleuse née officiellement à l'ombre de la crise en Libye commence à maîtriser la région et à enregistrer des victoires? Pourquoi exprimer des craintes quant à la prise de contrôle de certaines régions dans le Monde arabe par Al Qaîda après avoir pris position avec des groupes rebelles à l'identité douteuse ayant des contacts avec la nébuleuse comme en Libye? Pourquoi ne pas intervenir pour des solutions politiques au sein de ce même Etat, au Yémen le berceau d'Al Qaîda et en Syrie qui fait face à des groupes armés soutenus par la mouvance wahhabite de l'Arabie Saoudite? Ceci peut être expliqué par le fait que la menace terroriste peut venir aussi de l'intérieur du territoire américain. A ce propos, John Brennan souligne: «C'est la première fois que la stratégie de lutte antiterroriste se concentre sur la capacité d'Al Qaîda et ses réseaux affiliés à encourager des individus résidant sur le sol américain pour nous attaquer de l'intérieur», et la Maison-Blanche est appelée à revoir sa politique extérieure et dans ce contexte, le conférencier appelle à une forte collaboration avec les musulmans américains pour combattre la montée de l'extrémisme local aux Etats-Unis en précisant: «Les musulmans ne sont pas une partie du problème mais une partie de la solution.» Mais, tout indique que ce discours est une simple initiation pour les prochaines élections présidentielles de 2012, une lecture faite par des stratèges bien avertis sur les questions politiques et sécuritaires, reconnaissent une marque d'une campagne lancée à l'intention de la communauté musulmane aux USA à l'effet de reconduire l'administration Barack Obama.