«Dégage! Degage!» tel était le mot d'ordre des manifestants vendredi à Hama. Après la puissante démonstration populaire, vendredi à Hama, où pas moins d'un demi-million de personnes sont descendues dans les rues demandant au président Al Assad de «Dégager!». Mais pas seulement à Hama. Plusieurs centaines de milliers de personnes sont de même descendues dans les rues de toutes les villes de Syrie, après la grande prière du vendredi, pour l'une des plus importantes journées de manifestations contre le régime du président Al-Assad depuis le début du mouvement il y a trois mois. Divers affrontements ont fait au moins 28 morts, selon des militants des droits de l'homme, lors d'une des journées les plus sanglantes en Syrie. Dans le but de renforcer leurs rangs, dans l'union, la course contre le régime alaouite a conduit les opposants à se réunir au sein d'un «comité national pour le changement démocratique». Face à l'entêtement et à la volonté de changement exprimé par la population, le régime d'Al Assad, soutenu par l'armée, a intensifié la répression des opposants dans le nord-ouest du pays. Selon des habitants sur les lieux, les forces de sécurité et des tireurs embusqués avaient ouvert le feu sur la foule des manifestants. «97 véhicules militaires dont des chars et des transports de troupes à leur bord des milliers de soldats se sont dirigés vers Kifr Rouma», a précisé un militant. «Des centaines d'habitants sont sortis de leurs maisons à Kifr Rouma pour les empêcher d'avancer, et les troupes se sont déployées aux alentours de la localité». Les forces de sécurité ont aussi lancé des raids dans plusieurs villages de la région de Jabal al-Zawiyah, «détruisant des maisons de militants à Al-Bara et arrêtant leurs proches pour les forcer à se rendre». Plus au sud, les soldats se sont déployé samedi sur les axes routiers principaux dans le centre de la ville de Hama et «des tirs nourris» y ont été entendus dans la nuit, a-t-on indiqué. Au lendemain de la déferlante populaire à Hama, le président Bachar Al Assad a limogé samedi le gouverneur de cette province qui a vu sortir dans la rue des centaines de milliers de personnes manifestant contre le régime. Ne semblant pas tirer des leçons du passé, Al Assad subit, en ce moment même, les conséquences de décisions qui ne font que contribuer à radicaliser les positions des uns et des autres. C'est dans ce contexte que certains pays européens ont commencé à prendre des sanctions contre le président Al Assad. C'est le cas de la Suisse qui a décidé hier de geler des avoirs du régime placés dans ce pays. «La Suisse a gelé pour 31,8 millions de dollars (21,9 millions d'euros) d'avoirs liés au régime syrien», a ainsi annoncé hier le secrétariat d'Etat suisse à l'Economie, confirmant une information publiée par un journal dominical en langue allemande, ZentralSchweiz am Sonntag. «On ignore cependant si cette mesure concerne les avoirs appartenant au chef de l'Etat syrien, Bashar Al Assad», a souligné de son côté l'agence de presse suisse ATS. La Suisse avait déjà adopté en mai des sanctions - financières et touchant à la mobilité des personnes - à l'encontre de 23 hauts dignitaires du régime de Damas, dont le chef des services de renseignements, Ali Mamlouk, et le ministre de l'Intérieur, Mohammed Ibrahim al-Chaar, pour «leur implication dans la répression des manifestants» sur le territoire syrien. Ayant réussi à sauver sa peau jusque là, la chance semble se détourner du chef de l'Etat syrien. Les Occidentaux s'indignent et s'impatientent face aux répressions répétitives que vit le peuple syrien sous les yeux du monde entier. Jusque là, Al Assad a employé plusieurs stratégie dans le but de calmer la rue, mais sans résultat. La tournure des évènements, ainsi que les pressions internationales à son encontre, ont finalement poussé le président syrien à opter pour une solution militaire des troubles qui sévissent dans son pays depuis plus de trois mois. «Les autorités semblent avoir opté pour la solution militaire afin de soumettre les villes», a dit Rami Abdel Rahman, président de l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme. Deux jours après une manifestation contre Bachar Al Assad, et plus de cent jours après le début de la contestation, les manifestations se sont élargies à tout le pays.