Existence réelle d'une dynamique de relance cinématographique, malgré l'état des lieux du cinéma. C'est un tableau morne de l'état des lieux du cinéma qui a été brossé par les professionnels lors des rencontres cinématographiques qui ont eu lieu dans la ville de Béjaïa. L'un des premiers intervenants, en l'occurrence M. Mohamed Bensalah, s'appuiera sur sa propre expérience pour démontrer les raisons de l'état actuel du cinéma algérien. Pour lui, déjà devant les années 60, ses échecs dans le domaine cinématographique étaient comme un leitmotive non à cause de la qualité de ses films mais plutôt de la politique de l'époque. Il reconnaîtra, par ailleurs, que malgré plusieurs tentatives de restructuration du secteur, le cinéma n'a pu être sauvé. La désertion du public des salles, ainsi que l'exil des cinéastes algériens n'ont fait qu'accroître le vide cinématographique qui s'installait. Concernant ces derniers (les cinéastes), il dira que «90% des cinéastes algériens sont ailleurs et leur participation est plus accentuée à l'étranger qu'en Algérie». Il soulignera que les conditions de vie du citoyen se sont dégradées ces dernières années, un paramètre qu'il faudra prendre en considération, et que la fermeture des cinémas n'est pas due essentiellement aux islamistes, mais aussi à la bureaucratie existante.Pour Boudjemaâ Karèche, le cinéma algérien connaît ces deux dernières années quelques frémissements, mais les deux problèmes cruciaux du 7° Art sont le coût très élevé de réalisation du film, et le danger que peut présenter le cinéma car celui-ci pousse le citoyen à se libérer. Pour le directeur de la Cinémathèque algérienne, le problème financier pourrait être résolu par, d'abord, la formule «l'argent du cinéma pour le cinéma», puis l'implication des autorités politiques et enfin la reprise des chemins du cinéma par les citoyens. Concernant les salles de projection, il dira qu' «elles doivent avoir le même rapport que celui du film» et citera en exemple l'état de la cinémathèque de Béjaïa (lieu où se déroulent les rencontres) avec une climatisation à l'arrêt, des fauteuils délabrés, des appareils de projection d'un autre âge. C'est par des paroles de Godard que Karèche répondra à une question relative à l'invasion de la parabole et du DVD: «Quand vous regardez la télé, vous baissez la tête et quand vous regardez un film vous levez la tête». Quand à Larbi Arezki, c'est en évoquant Woody Allen qu'il dépeindra la salle de cinéma: ce dernier disait: «C'est le seul lieu où je peux me mettre dans l'obscurité sans que quelqu'un me dise: qu'est-ce que tu fais là?» Pour cet artiste-peintre, c'est à travers le cinéma que nous pouvons exporter nos merveilleux actes et notre diversité culturelle. Malgré l'état sinistré des lieux de cinéma, tous les intervenants constatent l'existence de potentialités humaines ainsi que celles de la dynamique de relance, ce que confirmera Mme Nicole Lefour, chargée de mission audiovisuelle à l'ambassade de France en Algérie présente lors des rencontres cinématographiques dans le cadre d'un travail de coopération afin de répondre aux attentes des Algériens et de mettre en place des formations dans l'audiovisuel. Elle était aussi à Béjaïa pour faciliter l'expression des potentialités dans le domaine cinématographique. Quant à nous, nous espérons que ces rencontres vont redynamiser le 7e Art et que celui-ci renaîtra, car le cinéma tout en étant en lieu de culture est aussi lié à notre vie.