Mami est de ceux qui s'interdisent d'utiliser dans toutes leurs oeuvres, le verbe cru. «La scène me manque énormément et je suis doublement content de fêter le 49e anniversaire de l'Indépendance et de la Jeunesse». Tel a été le petit speech prononcé par cheb Mami lors de la conférence de presse qu'il a tenue dans l'après-midi qui a précédé la soirée de clôture de la 4e édition du Festival du raï. Cet aveu est plus que révélateur des intentions du cheb qui revient après une longue traversée du désert. Pour le prince de la chanson raï, le plus important est de renouer avec son public et les grandes scènes. C'est ainsi que Mami, qui a fait un tabac à Alger, a récidivé dans la capitale de la Mekkera, Sidi Bel Abbès. D'autant que la soirée de clôture a été ponctuée par la prestation de la formation Raïna Raï qui a annoncé son grand retour sur la scène artistique. Ce fut donc la totale. Droit au but, Mami n'a ménagé aucun effort pour bercer un public nostalgique au verbe pudique, à la mélodie chatouilleuse et surtout nostalgique. Mami est de ceux qui s'interdisent d'utiliser, dans toutes leurs oeuvres, le verbe indécent. Une grande communion a été donc, spontanément, créée dans le stade des Trois Frères Amirouche. Sur le tartan, Mami chantait son généreux répertoire. En face, du haut des gradins, les spectateurs, constitués en majeure partie de jeunes, accompagnaient, en choeur, le chanteur dans sa prestation. Annoncé avant le coup d'envoi du festival, Mami a tenu sa promesse à condition de répondre favorablement aux aspects techniques du plateau tandis que son.contrat était de 1 milliard de centimes. Les organisateurs du festival, eux, n'ont pas hésité à faire appel à des maîtres de la grande sono et techniciens confirmés. «Pourvu que la soirée satisfasse les Bélabésiens et les fans du raï des localités environnantes», a-t-on espéré. Raïna-Raï se disant authentique, lui aussi, a fait un retour triomphal. Toute la ville en parlait depuis que les Hachemi Djellouli, Kada Zina, Tarik Chikhi, Abdellah Terkeman sont retournés dans leur ville natale. Cette troupe, quoique amputée du guitariste Lotfi Attar, a, dans le spectacle de jeudi soir, pu ressusciter les meilleurs jours de la ville de Sidi Bel Abbès. Dans leur «intro», Raïna Raï authentique a rénové la chanson El Hmam de Blaoui El Houari, qui, quoique restée oigirinale, a été modernisée par les sons du clavier, saxophone et guitare électrique. En fait, la musique de Raïna Raï est électrique. C'est, sans doute, cela qui a valu la célébrité du groupe. Surtout quand les instruments modernes sont fusionnés aux instruments traditionnels comme le karkabou. Un autre, et pas des moindres, continue de surprendre. Il s'agit du batteur El Hachemi Djellouli. Toute la symbolique lui revient et ce, malgré son emplacement au fond de l'orchestre. Cette façon de jouer de la batterie, tout en chantant, constitue un atout qui plaide en faveur de la formation. Auparavant, l'honneur est revenu à Cheb Madjid, ce jeune musicien que l'on dit neveu de Cheb Khaled, a, lui aussi, pérenniser le style défendu par le King du raï. Durant cette soirée, les forces de l'ordre ont eu du mal à contenir la grande foule venue prendre part à la soirée de nostalgie lors de cette clôture du Festival du raï.