«L'idée de l'autonomie vient de l'extérieur, elle a été soufflée par Kouchner à Ferhat Mhenni, lequel est lui-même un binational». C'est en ces termes que Hakim Kacimi a commenté notre question sur l'apparition du MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie). Kacimi a estimé que les citoyens n'adhèrent pas à ce projet, la population ayant tourné massivement le dos à ce mouvement, à l'exception de quelques jeunes entrés en conflit avec leur père qui ont préféré rejoindre Ferhat. L'orateur réaffirme la dimension nationale du mouvement citoyen des ârchs. La plus grande marche que la capitale ait jamais connue durant toute son histoire, un certain 14 juin 2001. Certes, c'est un événement évidemment qui vaut son pesant de poudre dans le combat national pour la citoyenneté, aux yeux de Kacimi. Autant, du reste, doit être mis sur la balance le travail titanesque pour la réappropriation d'une mémoire nationaliste sur laquelle, longtemps les pouvoirs successifs ont mis le verrou. «Abane Ramdane avait défendu l'idée de la primauté du politique sur le militaire, rappelle Kacimi. Les différentes marches organisées par les ârchs pour la réappropriation de l'histoire autant dire du politique, marches qui ont coïncidé avec les dates commémorant les hauts faits de la Guerre de Libération nationale, se veulent donc comme autant d'actions s'inscrivant en droite ligne du combat entamé par les aînés.» «Nous voulons le changement du système», dira le délégué de Toubiret (Bouira). «Dès lors que le maire sera un véritable maire et que le député sera un véritable député, il sera alors possible d'envisager l'édification sur de nouvelles bases de la nouvelle République», a-t-il ajouté pour expliquer en termes très simples, le point 11 de la plate-forme d'El-Kseur relatif à «la mise sous l'autorité effective des instances démocratiquement élues de toutes les fonctions exécutives de l'Etat ainsi que les corps de sécurité». Conscient que le processus de la démocratisation est une oeuvre de longue haleine, Kacimi, d'ailleurs s'en réfère à la plate-forme d'El Kseur explicitée à Larbaâ Nath Irathen pour dire que la réflexion avait été engagée par le mouvement pour prendre en charge la problématique inhérente à la mise en oeuvre des recommandations contenues dans le document de référence de la dynamique citoyenne. «Il faut, dit-il, que les autorités promulguent de nouveaux textes juridiques qui soient en adéquation avec l'aspiration citoyenne, l'ensemble de l'arsenal juridique régissant entre autres, le code de la commune doit être révisé dans ce sens.» En un mot, le mouvement des ârchs, dont la stratégie de lutte est basée sur la désaffection électorale, propose avant de passer aux élections des révisions déchirantes. «Retournons au politique et abandonnons le formalisme des fausses élections», dira encore notre interlocuteur. Les mêmes causes générant les mêmes effets, les mêmes élections, les mêmes tares, le boycott des élections semble être l'esquisse d'un nouveau nationalisme, qui est celui des ârchs.