L'embellie retrouvée entre les deux capitales. Jean-François Copé est attendu sur les dossiers de coopération économique, de la mémoire, du terrorisme et des visas. Officiels et leaders de partis français apprécient la destination Algérie. Jean-François Copé, secrétaire général de l'Union pour la majorité présidentielle, au pouvoir dans ce pays, est à Alger depuis hier. Sa visite se termine aujourd'hui mais non sans délivrer son message aux autorités algériennes, et à la société civile. Son programme est clair. Il aura des entretiens politiques avec des officiels algériens et il donnera une conférence intitulée «La France et les valeurs de la République face à la mondialisation». L'évènement a lieu au siège de l'Ecole nationale supérieure de sciences politiques. C'est à l'invitation de Mohamed Bouacha, son directeur, que Copé se rend dans la capitale. Le tout sera couronné par un point presse. Ce sont trois rendez-vous durant lesquels il aura l'occasion de revenir sur les relations algéro-françaises. L'exercice est délicat mais ce ne sont pas les motifs de satisfaction qui manquent. En réalité, il n'y a pas de gros nuages pour assombrir l'embellie retrouvée entre les deux capitales. Point de dossier Hasseni, diplomate injustement inquiété pendant des mois en France, ni celui des moines de Tibhirine pour compliquer les relations diplomatiques. Mais il reste toujours à régler d'autres problèmes. Comme chacun le sait, l'Algérie a une forte communauté présente en France et les diverses législations sur l'immigration ont le don d'irriter Alger. La question des visas et des conditions de séjour des Algériens et des binationaux revient régulièrement dans les pourparlers bilatéraux. Actuellement, ce sont les tractations sur la révision des accords de 1968 qui attribuent des privilèges aux Algériens qui sont sur la table des négociations. Au niveau politique, on trouve aussi une volonté accrue dans la coopération sur le dossier de la lutte antiterroriste au Sahel. Sur le plan économique, le ton est à l'euphorie. Jean-Pierre Rafarin, chargé par le président de la République française, Nicolas Sarkozy, de faire avancer le dossier économique, a effectué un travail si satisfaisant avec le ministre algérien de l'Industrie, Mohamed Benmeradi, que le mandat lui a été renouvelé. La venue de Jean-François Copé, qui est à la tête du parti qui a porté Sarkozy à la présidence, sera aussi l'occasion d'aborder le dossier économique. Pour l'instant, la seule certitude est que l'émissaire français sera reçu par Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Mais cela ne l'empêche pas d'évoquer avec lui les horizons de la coopération algéro-française dans de nombreux domaines. Les questions liées à la mémoire et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires s'invitent tout aussi régulièrement au débat. Dans un entretien à un média électronique, il formule «le voeu que le cinquantenaire (de l'indépendance) soit un moment de commémoration mais aussi et surtout de réconciliation entre les acteurs du conflit». «Nous sommes prêts à aller plus loin: l'accès aux archives, en particulier, peut être encore facilité. En revanche, nous n'entrerons pas dans une démarche de repentance, car c'est sortir du champ de l'histoire pour entrer dans celui de la polémique, et ce n'est pas une façon de faire avancer la relation entre nos deux pays. Il est grand temps d'aller de l'avant plutôt que de regarder dans le rétroviseur», a-t-il répondu à une question sur ce sujet. Au plan économique, il reste surtout à faire avancer le dossier Renault. Lors d'un récent déplacement de Raffarin à Alger, de nombreux autres dossiers ont été finalisés dans les domaines du ciment, du médicament et autres. François Copé donne d'autres motivations qui l'ont poussé à accepter l'invitation de venir en Algérie. C'est «pour comprendre l'Algérie d'aujourd'hui et nouer des relations fortes et durables», a-t-il dit. Il souhaite aussi contribuer «à la construction du partenariat d'exception qui doit demeurer notre objectif majeur». «Nos relations historiques, la densité et la richesse de nos liens humains sont à mes yeux une chance unique que nous n'avons pas su suffisamment exploiter», a-t-il ajouté. Sa visite est-elle celle du président de l'UMP ou celle du candidat à la présidentielle française? Il vient en Algérie «en tant que secrétaire général de l'UMP, qui se mobilise au quotidien pour la réélection de Nicolas Sarkozy», répond-il. Il aura aussi l'occasion d'expliquer la démarche du parti qui a organisé récemment en France des débats sur la laïcité et l'identité nationale, perçus comme une manière de stigmatiser les Français d'origine maghrébine. L'UMP considère que c'est la campagne de désinformation du Parti socialiste qui a donné cette image.