Sans surprise, le Quartette pour le Proche-Orient, s'est séparé lundi soir sur un constat d'échec. Il ne pouvait en être autrement, dès lors que l'un des partenaires veut imposer une solution qui n'agrée qu'à l'un des belligérants: Israël. Le fait qu'il n'y eut pas de déclaration ou de communiqué à l'issue de la réunion, atteste de la division des membres présents à la rencontre, qui étaient Ban Ki-moon pour l'ONU, Hillary Clinton pour les USA, Sergueï Lavrov pour la Russie et Catherine Ashton pour l'Union européenne. Or, la réunion de Washington de lundi était l'ultime chance, avant l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, de faire bouger les choses par le rétablissement du dialogue entre Israël et les Palestiniens. De quoi discute-t-on? D'un retour aux négociations directes entre les deux parties. Sans doute! Les Palestiniens disent: OK, mais à la condition que l'Etat hébreu gèle totalement les constructions entreprises à Jérusalem-Est et dans les colonies en Cisjordanie occupée. C'est le point nodal, dès lors qu'Israël veut «négocier» tout en poursuivant les constructions dans les territoires palestiniens occupés. Or, un consensus international s'est dégagé quant au fait que le futur Etat de Palestine soit édifié sur les frontières de 1967. Non seulement c'est la position défendue par les Palestiniens, mais c'est aussi celle recommandée par le protecteur américain d'Israël, les Etats-Unis. De fait, le Quartette qui s'est réuni donc lundi, a affirmé d'emblée s'appuyer sur l'idée du président américain, Barack Obama, selon lequel les parties doivent discuter de l'établissement de deux Etats (Palestine et Israël) sur la base des lignes de 1967, antérieures à la guerre des Six-Jours. En outre, les résolutions 242 de juin 1967, et 338 d'octobre 1973, sont tout aussi claires sur le fait, exigeant de l'Etat hébreu de se retirer sur la ligne Verte (ou ligne de démarcation) qui constituait en 1967 la frontière entre Israël et les territoires palestiniens. Israël refuse les lignes de 1967, les estimant «indéfendables». Dès lors, ce qu'il faut relever est que la communauté internationale s'accorde sur le fait que l'érection d'un Etat palestinien doit se faire sur la base des lignes de démarcation de 1967. Toute la communauté internationale, y compris les Américains donc, sauf...Israël qui veut avoir raison, envers et contre tous. Tirant les enseignement de cette impasse et du fait que les négociations, ouvertes en 1991, n'ont pas avancé d'un iota en 20 ans de pourparlers, la seule alternative pour les Palestiniens demeurait le recours à l'Assemblée générale de l'ONU où les 193 Etats membres auront alors à se prononcer. Au préalable, les Palestiniens doivent en faire la demande au Conseil de sécurité où ils s'attendent à essuyer le veto des Etats-Unis, Washington ne cachant d'ailleurs pas qu'elle y aura recours. En usant de son veto, contre la demande palestinienne d'adhésion à l'ONU, les Etats-Unis font donc un choix qui va à l'encontre du droit international, sachant que le blocage incombe totalement à Israël, quand il fallait mettre l'Etat hébreu face à ses responsabilités. Cependant, si Washington dispose du droit de veto au Conseil de sécurité, à l'Assemblée générale de l'ONU, sa voix et celle d'Israël, ne seront que l'une parmi celles des 191 autres Etats membres de l'ONU. Le diktat d'Israël bloque l'érection de l'Etat palestinien depuis des décennies du seul fait que l'Etat hébreu ne veut pas de Palestine à ses côtés. Cela est d'autant plus choquant qu'Israël est né dans l'illégalité absolue, s'étant autoproclamé «Etat indépendant» six mois avant la date officielle promulguée par le Conseil de sécurité de l'ONU, le 29 Novembre 1947, qui partagea la Palestine historique entre deux Etats, un Etat arabe (la nouvelle Palestine) et un Etat hébreu. Israël en décida autrement en prenant les devants, ouvrant le conflit le plus long des temps modernes, qui entre dans sa 64e année.