Le 14 juillet dernier, alors que le président Chirac assistait au traditionnel défilé de la fête nationale française, un forcené avait tenté de faire feu sur lui, à l'aide d'un fusil avec lunette de visée. Il se trouvait à quelques mètres à peine du cortège présidentiel, ce qui lui aurait permis très certainement de faire mouche, n'était l'intervention rapide et particulièrement courageuse d'un Algérien, Mohamed Chellali. Marié, père de deux enfants, il n'a pas hésité un seul instant, comme il nous a raconté par la suite lors de sa visite à notre rédaction, à mettre sa vie en danger en fonçant sur le meurtrier avant de dévier son arme, orientant en l'air le premier coup de feu. Il a, par la suite, ceinturé le forcené alors qu'un autre héros arrivait pour le faire tomber à terre. Mohamed Chellali a réussi à le désarmer, avant de bloquer le meurtrier en attendant que les policiers arrivent. Le monde entier, à cet instant, qui avait les yeux braqués sur le célèbre défilé des Champs-Elysées, découvrait le véritable visage de l'Algérien, dévoué aux causes justes, ne manquant ni de courage ni d'engagement. De même, devait-il nous dire plus tard, qu'il était étonné de voir que l'Algérie était loin de refléter l'image très négative que véhiculent les journaux les plus lus dans l'émigration, notamment canadienne, où Mohamed Chellali a passé plusieurs années, occupant de très hauts postes de responsabilité avant de s'établir, jusqu'à maintenant, au Liban. Mohamed Chellali, qui ne pensait pas sur le moment, ni plus tard d'ailleurs, avoir accompli quelque geste héroïque, ajoutant que n'importe qui à sa place en aurait fait autant, oublie quand même d'ajouter que le forcené avait des dizaines de personnes autour de lui, à moins d'un mètre de distance, et qu'aucune n'a levé le petit doigt pour l'empêcher de commettre son acte, ou venir en aide à ceux qui essayaient de le maîtriser. C'est donc sans grande surprise qu'il a reçu des appels directs de la part du président français et du Premier ministre canadien. Nos autorités, certes, n'ont pas levé le petit doigt pour mettre en valeur cet acte de bravoure venu rehausser dans le monde le prestige du peuple algérien. Chirac, lui, est allé jusqu'à recevoir Chellali avant de le faire chevalier de l'Ordre du mérite. Une année, déjà, est passée, porteuse d'un rapprochement exceptionnel et inédit entre l'Algérie et la France. Le geste héroïque et historique de Chellali y est peut-être pour quelque chose...