Pays berceau de l'islamisme radical et base d'entraînement des éléments du GIA, il est en passe de livrer tous ses secrets. Le président pakistanais, qui entame aujourd'hui une visite en Algérie, vient, dit-on de bonnes sources, ouvrir une nouvelle ère dans les relations algéro-pakistanaises. Les mêmes sources affirment que Pervez Musharraf ne vient pas les mains vides, loin s'en faut. C'est ainsi qu'il sera question, dans les discussions qu'il aura avec les autorités algériennes, de terrorisme et surtout d'intégristes algériens qui ont séjourné dans son pays. En effet, des spécialistes du renseignement interrogés par L'Expression sont formels: «Avec l'Afghanistan, le Pakistan a constitué une option stratégique des islamistes radicaux algériens.» Contrairement au pays d'Al-Qaîda, complètement déstructuré et donc incapable de fournir des renseignements fiables sur les réseaux terroristes, le Pakistan est une nation qui dispose de tous les leviers nécessaires pour établir un fichier complet des activistes opérant sur son sol. Et c'est là, disent les mêmes spécialistes, l'importance de cette visite, qui intervient à un moment où Peshawar subit le retour de feu qu'elle a imposé à l'Algérie à travers une gestion, par trop dangereuse, du phénomène islamiste radical. Dès le début du terrorisme intégriste, les autorités sécuritaires algériennes ont vite fait la relation entre les terroristes qui écumaient les maquis du pays et deux pays, foyers de l'activisme islamiste armé. L'Algérie n'a eu de cesse d'attirer l'attention des dirigeants pakistanais sur cet état de fait. La sourde oreille de Peshawar a conduit à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. L'attitude du Pakistan en direction de l'Algérie consistait à refuser toute coopération, voire un soutien discret aux terroristes algériens établis sur son sol. Une connexion confirmée par de nombreuses sources sécuritaires nationales et internationales, amenant les services secrets algériens à la conviction de l'existence d'un fichier détaillé de terroristes ayant vécu à Peshawar et encore inconnus par eux. En effet, il est clair que la «filière pakistanaise» n'a pas encore livré tous ses secrets, pour la simple raison, commente un observateur, que «le ralliement tardif du Pakistan à la lutte antiterroriste n'a pas permis d'ouvrir tous les dossiers encore classés secret défense». Les informations que révèlera Musharraf seront d'un apport appréciable pour les éléments du DRS qui seront à même de remonter la filière et établir le parcours d'un terroriste d'Alger à Peshawar et retour. En effet, parmi les milliers d'islamistes radicaux qui ont rejoint les camps d'entraînement au Pakistan, nombreux sont portés disparus, sans que l'on sache la nature réelle de leur activité actuelle. Bien plus, il est fort probable que de nombreux activistes ont quitté le Pakistan pour des pays occidentaux. Le réchauffement des relations algéro-pakistanaises participera à rendre plus efficace la lutte antiterroriste, tant au plan national qu'international. Le FBI, la Dgse et le MI 6 sont également en attente du trésor informationnel pakistanais. En fait, relèvent les spécialistes, le réveil du Pakistan, intervenu faut-il le rappeler, après les attentats du 11 septembre 2001, constitue une donne essentielle dans la guerre que mènent de nombreuses nations contre le terrorisme. Cependant, le comportement de ce pays, durant la décennie 1990, a été en grande partie responsable de la catastrophe sécuritaire vécue par notre pays. A ce propos, beaucoup d'observateurs soutiennent que l'Algérie aurait pu économiser de milliers de vies humaines si les autorités à Peshawar avaient répondu positivement à la demande d'information et de coopération exprimée par Alger. Cela dit, la visite de Pervez Musharraf est en soi un acte de repentance et il est attendu la signature d'un certain nombre de protocoles d'accord, notamment celui relatif à la circulation des personnes. Nos sources révèlent que les pays opteront pour l'établissement d'un visa d'entrée dans les deux pays, dans le but de mieux contrôler le flux humain entre les deux nations.