Un grain de sable qui s'appelle El Gueddafi. Que faire du leader libyen pour trouver une issue à la crise? A Moscou, Paris et Washington, on s'affaire à trouver des points de consensus qui permettent d'arriver à une solution pacifique de la crise en Libye. Au moment où la rébellion cherche à s'armer auprès de la France, les loyalistes, eux, sont en quête de la paix. Deux initiatives totalement contradictoires Le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati El Obeidi, tentait hier, à Moscou, de faire le point avec son homologue russe Sergueï Lavrov. De leur côté, les Etats-Unis qui brandissent le bâton et la carotte, tentent de faire infléchir la situation au profit de la rébellion. Le président russe, Dmitri Medvedev, a, pour sa part, estimé hier, au cours d'une visite en Allemagne qu'un compromis était toujours «possible» en Libye entre le régime El Gueddafi et les rebelles. Face à ces contacts diplomatiques autour de la Libye, Mouamar El Gueddafi affirme qu'il maintiendra sa position, et que la victoire lui appartenait. Notons, d'autre part, la présence en France de plusieurs chefs militaires rebelles de la ville libyenne de Misrata, qui ont, d'emblée, réclamé, hier, au président Nicolas Sarkozy davantage d'aide de Paris pour la prise de Tripoli, assurant être en mesure de faire tomber le bastion de Mouamar El Gueddafi. Soutenus par Bernard-Henri Lévy qui plaide leur cause auprès de son gouvernement, les rebelles prennent de l'assurance. Devant les journalistes, sur le perron de l'Elysée, Bernard-Henri Lévy, qui semblait parler au nom des rebelles, a plaidé pour une «coordination tactique avec l'Otan plus efficace qu'elle ne l'est aujourd'hui» et la nécessité, selon lui, de convaincre des pays arabes «amis» d'aider les rebelles, «de leur livrer ce dont ils ont besoin pour faire face aux colonnes infernales dont dispose encore El Gueddafi» Jouant un rôle particulier dans cette crise, la Russie dénonce l'intervention des alliés occidentaux contre le régime d'El Gueddafi. Le Conseil de sécurité de l'ONU qui avait autorisé la création de zone d'exclusion, mutée en frappes de l'Otan contre la Libye, n'a eu de cesse de prôner la fin de l'ingérence et une solution négociée. Le départ de Tripoli de Mouamar El Gueddafi n'est «pas sujet à discussion», a déclaré hier le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati El Obeidi, à l'issue d'un entretien avec Sergueï Lavrov. Lors de la réunion, il a été question de l'initiative de l'Union africaine, aux fins de mettre un terme à la guerre et à l'effusion de sang en Libye. Aussi, «la Libye accueillera favorablement tout rôle que pourrait jouer la Russie dans le règlement pacifique du conflit», a déclaré le chef de la diplomatie libyenne à l'agence publique Ria Novosti. Selon lui, le plus important est de trouver une solution qui convienne à tous les Libyens, y compris à l'opposition de Benghazi. Par ailleurs, et toujours au plan diplomatique, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a réitéré hier l'appel, fait à El Gueddafi, de quitter le pouvoir, une condition sine qua non de la rébellion avant toute négociation de paix. «L'une des hypothèses envisagées, c'est qu'il séjourne en Libye, mais à une condition, c'est que très clairement il se mette à l'écart de la vie politique libyenne. C'est ce que nous attendons avant de déclencher le processus politique du cessez-le-feu», a déclaré M. Juppé sur la chaîne LCI. Se voulant optimiste, la Maison-Blanche a, quant à elle, affirmé que «tous les indicateurs» montraient que le dirigeant libyen perdait prise sur son pays. «Il contrôle de moins en moins de territoire, l'opposition est à l'offensive dans de nombreux endroits du pays» et «l'approvisionnement d'El Gueddafi en carburants et en argent liquide est interrompu». Aussi, selon le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, «le compte à rebours est engagé» pour le départ du leader libyen. Sur le terrain, la rébellion libyenne se concentre désormais sur le Djebel Nefoussa afin d'essayer de faire tomber Tripoli et donner aux rebelles des montagnes de l'Ouest davantage d'armes et de munitions, a déclaré hier à Jado le général Omar El Hariri, membre du Conseil national de transition (CNT).