Devant les événements défavorables à un recours à la force pour désarmer l'Irak, Washington change de tactique et exerce des pressions sur l'organisation des nations unies pour faire passer la seconde résolution qui ouvrirait la voie à la guerre. La diplomatie américaine sort ses griffes à la suite des échecs subis depuis quelques jours, affaiblissant la position des Etats-Unis sur la scène internationale quant à la réalisation de son objectif visant à désarmer l'Irak par la force. La démission lundi de la directrice de la communication du secrétariat d'Etat aux affaires étrangères, Charlotte Beers, prouve selon les observateurs la déroute de la diplomatie américaine. Celle qui était chargée de “vendre” l'image de l'Amérique à l'étranger a échoué dans sa mission. Devant cette situation, la maison-blanche accentue ses pressions sur les membres du conseil de sécurité susceptibles de faire pencher la balance lors du vote sur le projet de la seconde résolution. Les pays visés par cette campagne sont les membres non permanents (Guinée, Cameroun, Angola, Chili, Mexique et Pakistan). Selon l'hebdomadaire britannique the Observer, les Etats-Unis sont allés jusqu'à mettre sur écoute les téléphones de certaines délégations du conseil de sécurité, notamment celles des pays cités plus haut. L'opération menée par l'agence de sécurité nationale américaine (NSA) ne s'est pas limitée aux écoutes téléphoniques dans les bureaux et les lieux de résidence des représentants de ces pays, elle s'est même étendue à l'interception de leurs courriers électroniques. Ces accusations ont été ignorées par le porte-parole de la maison-blanche, Ari Fleischer qui a déclaré : “l'administration ne commente jamais quoi que ce soit qui concerne le renseignement. Nous ne répondons pas aux questions de cette nature.” C'est le silence radio sur cette affaire à Washington, qui révise toute sa stratégie de la crise irakienne. Les plans de rechange sont exhumés par les experts du pentagone. “Nous évaluons toutes les options et toutes les alternatives. Mais quelle que soit la voie que la Turquie choisira, si le président décide d'autoriser l'usage de la force, peu importe les routes empruntées, cela se traduira par un résultat victorieux sur le plan militaire”, a affirmé Ari Fischer. Devant le rejet des parlementaires turcs d'autoriser le déploiement des soldats américains pour attaquer l'Irak par le nord, il est désormais question d'envoyer dans cette région des forces aéroportées à partir de navires de guerre en Méditerranée ou de bases en Turquie. Sur le terrain, les autorités irakiennes, soucieuses d'enlever tout prétexte de déclencher une guerre, poursuivent sous le contrôle des techniciens onusiens la destruction des missiles jugés prohibés. Elles se sont également engagées à fournir aux experts de Hans Blix, dans une semaine, un rapport sur les agents chimiques et biologiques qu'elles affirment avoir détruits, il y a onze ans. Tous ces faits ne représentent rien aux yeux des responsables américains, qui ne ratent aucune occasion d'afficher leur scepticisme sur la volonté de Bagdad de désarmer réellement. K. A. Le porte-avions Nimitz en route pour le Golfe Le porte-avions américain USS Nimitz a appareillé lundi dernier de la côte ouest américaine pour le Golfe et une éventuelle guerre contre l'Irak à la tête d'un groupe de cinq navires avec à bord 8 000 marins, selon des sources militaires. Le Nimitz, qui arrivera sur zone dans une semaine, est le sixième porte-avions américain mobilisé pour un possible conflit contre Bagdad. Son groupe aéronaval comprend les bâtiments de guerre USS Princeton, USS Fitzgerald, USS Rodney M. Davis, USS Bridge et USS Chosin. Des milliers de proches des marins sont venus les saluer à leur départ, avec des pancartes comme “On t'aime Papa” et “Dieu bénisse le Nimitz”. Officiellement, le Nimitz gagne le Golfe “en soutien de la guerre globale contre le terrorisme”, selon un communiqué de la Marine américaine. Trois autres porte-avions sont déjà sur place, le USS Abraham- Lincoln, le USS Constellation et le USS Kitty Hawk. Deux autres croisent dans l'est de la Méditerranée, le USS Harry-Truman et le USS Theodore-Roosevelt.