La femme qui a fait tomber le puissant directeur général du FMI Le journal a rapporté les détails d'une conversation téléphonique que Mme Diallo avait eue le lendemain des faits avec un ami détenu en Arizona. Les procureurs de New York chargés du dossier de Dominique Strauss-Kahn, accusé de crime sexuel par Nafissatou Diallo, ont été refroidis par le manque de crédibilité de la femme de chambre, mais son avocat dit qu'il peut encore gagner, et son expérience semble plaider pour lui. Lors de la dernière audience à New York, le 1er juillet, les procureurs ont dû demander la libération sur parole de l'ancien patron du FMI après avoir pointé un certain nombre d'inexactitudes dans le récit de la victime présumée, à propos, notamment des conditions de son arrivée aux Etats-Unis et des faits présumés. Le New York Times avait aussi révélé l'existence d'un enregistrement, versé au dossier, d'une conversation téléphonique que Mme Diallo avait eue le lendemain des faits avec un ami détenu en Arizona dans laquelle elle lui aurait assuré: «Ce type a du fric, je sais ce que je fais.» La plupart des experts en droit pénal estimaient alors que les procureurs ne pouvaient plus espérer un procès dans cette affaire après avoir mis en évidence le manque de crédibilité de la victime présumée, que les défenseurs de DSK se feraient un plaisir de passer au gril de leurs questions devant un tribunal. Mais Kenneth Thompson, l'avocat très médiatique de Nafissatou Diallo qui affirme avoir été agressée sexuellement le 14 mai dans une suite de l'hôtel Sofitel de New York, a rappelé jeudi qu'il s'était trouvé dans une situation comparable en 1999, alors qu'il était lui-même procureur. Cette année-là, il avait été chargé d'un dossier explosif: une affaire d'agression sexuelle au cours de laquelle la victime avait menti. Dans cette affaire, quatre policiers étaient accusés devant un tribunal fédéral d'avoir torturé et sodomisé un homme avec un manche à balai. L'histoire avait indigné l'opinion publique aux Etats-Unis. Mais, avant que le procès ne commence, la victime, un immigré haïtien dénommé Abner Louima, avait admis avoir menti sur certains détails de l'agression. Et il avait intenté une procédure civile, pour obtenir 450 millions de dollars de dommages et intérêts, une démarche que Mme Diallo s'apprête à faire également. Au moment d'être interrogé par les avocats de la défense, l'homme avait été accusé d'avoir menti pour toucher de l'argent, ce qui n'a pas empêché Kenneth Thompson et son équipe de gagner. D'après Me Thompson, s'ils ont gagné, c'est parce que les jurés se sont plus fiés aux preuves physiques de torture versées au dossier qu'aux mensonges relativement mineurs de la victime. «Nous étions devant un choix: l'abandonner ou aller jusqu'au procès, - dans la mesure où il avait bien été sodomisé -, pour gagner ou pour perdre. Et c'est ce dernier choix que nous avons fait», a déclaré Kenneth Thompson, pour qui les procureurs de New York devraient faire le même choix. D'autant que l'avocat assure que Mme Diallo n'a pas tenu les propos qu'on lui a prêtés au cours de la conversation téléphonique révélée par le New York Times. D'après lui, il y a eu une erreur de traduction et de sens qui a été mise en évidence, mercredi, lors de l'audition de Mme Diallo par les procureurs. Ces derniers n'ont pas confirmé cette version des faits qui, si elle était avérée, faciliterait grandement le travail de Me Thompson. Quels que soient les mensonges évoqués, Me Thompson assure que rien ne vient remettre en cause les preuves allant dans le sens d'une relation sexuelle non consentie, qu'il s'agisse des marques sur le le sexe de la jeune femme, des traces d'ADN ou des témoignages des personnes qui l'on rencontrée juste après les faits présumés.